Pour garantir le succès du plan anti-cancer et rationaliser les dépenses en produits de traitement, le Dr Farid Benhamdine, président de la Société algérienne de pharmacie (SAP), s'est dit hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale pour l'implication du pharmacien dans les réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) et la distribution des médicaments anti-cancer. L'invité de la radio a estimé que le pharmacien «est en première ligne de la lutte contre le cancer», d'autant que cette pathologie est traitée à l'hôpital. Comme alternative pour une meilleure rationalisation des dépenses, le Dr Benhamdine a plaidé en faveur de l'implication du pharmacien dans le choix des médicaments et le dosage le plus juste des traitements afin d'éviter les gaspillages. «Prenez une ampoule de 10 ml d'un produit. Si vous avez 3 malades qui en prennent 3 ml chacun, vous aurez un 1ml de gaspillé pour chaque ampoule», a-t-il expliqué. Concernant la formation des pharmaciens, le même intervenant a déclaré qu'il faut rendre obligatoire la formation post-universitaire, comme il revendique la spécialité de pharmacien oncologue. «Nous avons demandé que soit introduite la spécialité de pharmacien-oncologue dans la formation universitaire des pharmaciens», a-t-il rappelé, affichant à ce propos un espoir quant à l'aboutissement de la demande formulée auprès des autorités concernées.Revenant sur la réduction de la facture des importations de médicaments, le président de la SAP déplore les idées reçues qui entourent cette dernière. Pour lui, ce n'est pas l'importation du médicament qui fait exploser la facture d'importation, énumérant au passage les coûts astronomiques de produits de luxe importés, tels que «les véhicules pour 7 milliards de dollars, le tabac pour 2,5 milliards, les fleurs, et jusqu'aux oranges…» De son point de vue, ce ne sont pas les médicaments produits localement qui sont les plus chers, mais c'est leur facture qui est gonflée par les thérapies ciblées, nécessitant des médicaments sous monopole de grands groupes pharmaceutiques internationaux. En effet, «près de 50% du budget de la Pharmacie centrale des hôpitaux est accordé au traitement anti-cancer», a-t-il indiqué. A propos de cette augmentation de la facture pharmaceutique, l'orateur a fait remarquer que l'enveloppe budgétaire 2005-2012 pour le traitement du cancer a été multipliée par vingt. «Les thérapies ciblées coûtent très cher», a-t-il noté. Dans le même contexte, il a rappelé qu'une enveloppe budgétaire de 178 000 milliards DA a été dégagée pour l'exécution du plan cancer 2015-2019. «40% des décès dus au cancer pourraient être évités grâce à la prévention», a-t-il encore assuré. Enfin, à la question de savoir si la production locale peut se substituer à l'importation de ces médicaments, le Dr Benhamdine a indiqué qu'«avec cette dépendance, notre salut repose dans l'investissement dans la recherche médicale».