, Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio algérienne dont il était l'invité de la rédaction, le docteur Farid Benhamdine, président de la société algérienne de pharmacie, a évoqué la problématique du cancer en Algérie et en particulier la place et le rôle du pharmacien dans le plan anti-cancer. Il a commencé par rappeler que le plan anti-cancer mis en œuvre en Algérie démontre l'engagement solennel au plus haut niveau de l'Etat qui fait de cette maladie une priorité nationale et un problème de santé publique. Il a rendu hommage au professeur Messaoud Zitouni qui a su, a-t-il fait observer, constituer une équipe performante de bénévoles autour de ce problème. Il rappelle les chiffres significatifs qui traduisent l'évolution de cette maladie dans notre pays qui enregistre 45 000 nouveaux cas et 24 000 décès. A ce propos, il estime que 40% des décès dus au cancer pourraient être évités grâce à la prévention par la lutte anti-tabac et la lutte anti-pollution. Il fait observer qu'une enveloppe de 178 000 milliards a été dégagée pour le plan anti-cancer pour la période 2015-2019. Près de 50% du budget de la pharmacie centrale des hôpitaux va aux médicaments anticancéreux. Il cite d'autres données qui entrent en ligne de compte, notamment l'espérance de vie qui est passée de 50 ans en 1962 à 77 ans. Pour garantir le succès du plan anti-cancer et rationaliser les dépenses en produits de traitement, il recommande l'implication du pharmacien dans les réunions de concertation pluridisciplinaires et la distribution des médicaments anti-cancer. Pour le docteur Benhamdine, il est inadmissible qu'un malade ait les pires difficultés à se procurer des traitements anti-cancer, notamment certains médicaments en comprimés et des produits morphiniques, dans les officines. Il estime que cette situation découle d'un quiproquo entre le ministère de la Santé et le ministère de la Sécurité sociale. A la question de savoir comment réduire les coûts sans pénaliser le malade, il commence par rejeter un certain nombre d'idées reçues, à savoir que ce n'est pas l'importation du médicament qui fait exploser la facture d'importation énumérant au passage les coûts astronomiques de produits de luxe importés tels les véhicules qui atteignent le chiffre astronomique de 7 milliards de dollars, le tabac pour 2,5 milliards, même les... fleurs et jusqu'aux oranges, ce qui devrait être considéré comme un sacrilège, en tout cas une grosse absurdité. En fait, le Dr. Benhamdine est convaincu que ce ne sont pas les médicaments produits localement qui sont les plus onéreux. Leur facture, dit-il, est gonflée par les thérapies ciblées nécessitant des médicaments sous monopole de grands groupes pharmaceutiques internationaux. En l'état actuel de l'industrie pharmaceutique dans notre pays, la production locale peut se substituer à l'importation de ces médicaments, c'est la conviction du Dr. Benhamdine. Pour en finir avec cette dépendance, il recommande d'investir dans la recherche médicale. Comme alternative et pour une meilleure rationalisation des dépenses, il plaide en faveur de l'implication du pharmacien dans le choix des médicaments et le dosage le plus juste des traitements afin d'éviter les gaspillages. Il cite, à l'appui, un exemple éloquent : vous prenez une ampoule de 10 ml d'un produit et si vous avez 3 malades qui en prennent 3 ml chacun, vous aurez un 1ml de gaspillé pour chaque ampoule. Le Dr. Benhamdine veut rendre obligatoire la formation postuniversitaire et pense qu'il faut introduire dans l'enseignement universitaire la spécialité de pharmacien oncologue. La demande dans ce sens a été introduite auprès des autorités concernées. Il souhaite surtout voir le pharmacien hospitalier, qui est en première ligne, participer aux réunions de concertation pluridisciplinaire sur le cancer qui portent sur le choix du traitement et la rationalisation des dépenses.