N'était l'entêtement des uns et des autres, l'histoire de Sophie Sharbook aurait pu passer inaperçue. La presse aussi bien algérienne que celle de l'Hexagone en a fait largement écho, et ce «conflit" familial est devenu désormais "une affaire». Les plus hautes autorités françaises s'en sont mêlées, à tel point qu'on évoque un «coup de froid» qui risque de peser sur les relations entre les deux pays, une espèce de «casus belli». La genèse de cette «affaire» remonte à mars 2005. La mère de la fille, Farah Bennekhrouf, décède dans un accident de voiture. Pendant les obsèques, la petite Sophie, âgée alors de trois ans, est récupérée par sa «famille algérienne», sa grand-mère maternelle Safia Bennekhrouf plus précisément. Depuis, Jacques Scharbook, le père français «supposé» de la fillette, réclame que celle-ci lui soit restituée. Or, côté algérien, l'on affirme que Yousfi Mohamed, ex-mari de la défunte mère de Sophie, est bel et bien le vrai père. Le bras de fer entre les deux familles a généré un feuilleton politico-judiciaire et médiatique qui a connu de multiples rebondissements. La «guerre» a commencé réellement un certain 6 avril 2005 lorsque la belle-famille de Jacques Sharbook, craignant de perdre sa «petite-fille» qu'elle gardait depuis le décès de la maman, explique à ce dernier qu'il ne pourra pas la récupérer et entame même une procédure judiciaire pour en obtenir la garde. Jacques Sharbook sollicite alors l'ambassade de France qui, à l'époque, lui avait rétorqué qu'il fallait attendre le verdict de la justice algérienne, verdict qui tombe le 28 juin 2005 : le tribunal d'Oran accorde au père la garde de la fille. Loin de s'avouer vaincue, la belle-famille fait appel. Le premier jugement est confirmé le 8 mars 2006. A la recherche de Sophie Les évènements s'accélèrent car la fille reste introuvable. Des réquisitions pour récupérer Sophie ont été lancées par le procureur général d'Oran, l'affaire étant portée devant la Cour suprême. Le verdict de cette dernière est tombé le 13 février 2008. La garde de l'enfant revient définitivement à Jacques Sharbrook. «Conforté» par les décisions de justice, celui-ci voulut «coûte que coûte» récupérer sa fillette, qu'il n'a pas vue depuis le 10 avril 2005. Il sollicite l'ambassade de France dans l'espoir d'appuyer sa demande. Entre-temps, la police recherche la petite fille disparue, qui n'est retrouvée que le 19 mars dernier au domicile de la belle-mère dans le quartier de Gambetta à Oran. Des tests ADN effectués prouvent que la fille est bien Sophie Sharbrook. Mais le problème est loin d'être résolu : la famille algérienne de la fillette, s'appuyant sur des tests ADN confirmant que le père est Yousfi Mohamed, refuse d'abdiquer. «Il n'est pas besoin d'être grand clerc en droit pour savoir qu'un arrêt de la Cour suprême en matière de statut personnel n'est pas systématiquement exécutoire» expliquera l'avocat de la famille maternelle. L'on se demande dans ce sens, côté algérien, pourquoi Jacques Sharbook refuse de se soumettre au test ADN. Quand le politique s'en mêle Mais lorsque le politique s'en mêle franchement, ça devient une autre affaire. Pour le ministère des Affaires étrangères français, la situation juridique de Sophie Sharbook «est clairement établie». Le Quai d'Orsay pour sa part fait valoir les décisions de justice. «Tant par les actes d'état civil dont dispose Jacques Sharbook que par les décisions judiciaires rendues en Algérie, il résulte que Sophie est la fille de Jacques Sharbook», a souligné le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Frédéric Desagneaux, qui précise que la France continue «de demander la stricte application de cette décision de la justice algérienne dans les meilleurs délais». Côté algérien, on a préféré plutôt laisser la justice faire son travail, d'autant plus que l'affaire est toujours devant les tribunaux. par la famille algérienne de Sophie après que des tests ADN, effectués récemment ont confirmé que le père de la fillette est l'Algérien Mohamed Yousfi, la Cour d'Oran a mis en délibéré sa décision pour le 17 mai. Y aura-t-il un autre rebondissement ? Ou alors le dénouement de ce «casus belli» qui a connu tant de «rebondissements» n'interviendra-t-il que par un…modus vivendi ? Affaire à suivre.