La transplantation rénale est toujours bloquée en Algérie. Se référant aux chiffres, seules 1252 personnes ont bénéficié de greffes depuis 1986 à ce jour, dont 166 ont été réalisées en 2014 et ce, au niveau de différents services de néphrologie du pays. En effet, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale du rein qui coïncide avec le 24 du mois de mars de chaque année, les néphrologues ont mis l'accent sur la promotion et le développement du prélèvement rénal sur un cadavre, vu la hausse des accidents de la route. Cette transplantation pourra sauver annuellement la vie à 1000 insuffisants rénaux au minimum. «Certes, le rein d'un donneur vivant est meilleur, mais ce recours peut aussi sauver la vie de nos malades», ont-ils plaidé. S'exprimant lors d'une journée de sensibilisation consacrée à la promotion du don de rein tenue hier au niveau du CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou autour du thème : «Don de rein = Don de vie», le médecin spécialiste en néphrologie, le Dr Hamouche, est revenu longuement sur l'état des lieux de la greffe rénale en Algérie. Selon lui, l'Algérie compte 4 millions d'insuffisants rénaux, mais seulement un quart d'entre eux sont pris en charge de manière convenable, a-t-il déploré. De son côté, le DG du CHU, le Pr Abbes Ziri, a signalé que malgré les complications les plus souvent traitables, la transplantation rénale reste une alternative à la dialyse pour les patients insuffisants rénaux chroniques. «Nous avons réalisé 94 transplantations rénales au niveau du CHU de Tizi Ouzou du mois de décembre 2006 au mois de janvier 2015. Ces interventions se sont faites à partir de donneurs vivants, mais nous encourageons la greffe à partir d'un cadavre». D'où son appel aux citoyens pour s'inscrire sur les listes de dons d'organes de leur vivant. «Les textes de loi et les préceptes religieux autorisent la transplantation rénale, néanmoins elle reste toujours un tabou dans la société», regrette le chef de service de néphrologie du CHU Beni-Messous, le Dr Benabadji. Sur le plan financier, le même conférencier a fait savoir que la greffe revient 5 fois moins cher que l'hémodialyse. «Il faut savoir que l'Algérie débourse une enveloppe très conséquente pour le traitement de la dialyse, pouvant atteindre les 150 millions DA annuellement. Alors que le montant d'une greffe est de 10 à 20 millions Da seulement». La quasi-totalité des participants à cette journée de sensibilisation ont appelé à l'élargissement du cercle légalement autorisé des donneurs vivants, aux conjoints ou la famille par alliance par exemple. A quand la concrétisation du plan national de greffe ? Dans une salle pleine à craquer, le Dr Kastali a tiré la sonnette d'alarme et dénoncé les lenteurs administratives qui entravent la concrétisation des édifices spécialisés dans le recensement des insuffisants rénaux en Algérie. «Ces édifices auront pour objectif de dénombrer réellement leur nombre au niveau national afin de leur assurer une meilleure prise en charge». En effet, en l'absence d'un institut national de greffe, nous ne disposons pas de chiffres fiables du nombre de ces malades qui sont totalement marginalisés». Pour y remédier, le même spécialiste recommande la concrétisation du plan national de la greffe qui exige l'adhésion et la collaboration de l'ensemble des partenaires de santé, ainsi que la mise en place d'un registre national de transplantation rénale, d'établissements spécialisés dans l'évaluation du nombre de dons d'organe et le suivi des malades, et de prioriser l'activité de la greffe par rapport aux autres modes de traitement des insuffisants rénaux.