L'Algérie est déterminée à renégocier l'accord d'association signé avec l'Union européenne en août 2005. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, compte réunir prochainement les organisations patronales et professionnelles pour faire une véritable expertise en perspective d'une réunion avec les partenaires européens en janvier 2010. Des organisations patronales contactées saluent cette démarche des pouvoirs publics. C'est ce qu'a annoncé, en effet, le ministre du Commerce ce jeudi à la chaîne III de la Radio algérienne lors d'une émission hebdomadaire. «Je dois rassurer l'opinion publique qu'en janvier 2010, il y a un rendez-vous avec nos partenaires européens pour passer en revue les clauses de l'accord d'association et essayer de voir comment corriger les anomalies», a indiqué l'invité de la Radio avant de souligner que « le rendez-vous de janvier 2010 va être un rendez-vous capital». Le département du Commerce s'est mis d'accord avec le patronat pour une réunion préparatoire en vue d'établir un « audit et une expertise de l'accord d'association dans les détails». «Nous devons essayer d'aller en rangs serrés avec le patronat pour renégocier cet accord d'association dans l'intérêt de l'Algérie», soutient également M. Djaâboub. Faisant le bilan de cet accord, le ministre du Commerce a rappelé qu'«en août 2005, certains disaient que l'Algérie allait s'écrouler du fait de son adhésion à l'accord d'association. Dieu merci, l'Algérie est toujours debout. On disait aussi qu'il va y avoir des importations massives et que des unités de production nationale allaient fermer. ça n'a pas été le cas». Pour étayer ses propos, il a ajouté «la part qu'occupent les pays européens dans les échanges commerciaux avec l'Algérie est restée la même. Les importations algériennes de l'Europe ont augmenté de façon normale. Nous avons constaté que l'augmentation des importations a concerné les produits asiatiques». S'agissant des exportations algériennes vers l'Europe, le ministre a reconnu qu'à l'heure actuelle, l'Algérie n'a pas de produits à mettre sur le marché international. «Ce n'est pas la faute aux producteurs. Nous avons construit auparavant des usines pour satisfaire la demande nationale», a-t-il relevé. Au sujet des importations ayant atteint les 39 milliards de dollars en 2008, le premier responsable du département du Commerce ne s'alarme pas : «Les deux tiers des importations sont bénéfiques pour l'Algérie. Ce sont essentiellement des équipements destinés au plan de relance économique. Il faut donc parler du tiers». Lors de son passage à la Radio, El Hachemi Djaâboub n'a pas été tendre à l'égard de l'Union européenne. «Notre objectif, lorsque nous avions signé l'accord d'association, était de voir les capitaux européens s'installer en Algérie. Ça n'a pas été le cas. L'Union européenne s'est engagée à aider l'Algérie à adhérer à l'OMC. Sur ce point, ils ont failli à leur engagement», a-t-il affirmé tout en ajoutant en ces termes «nous constatons que les questions qui concernent notre adhésion à l'OMC proviennent essentiellement de l'Union européenne. Nos amis qui devaient nous aider ont finalement failli». Adhésion à l'OMC : doucement et sûrement La donne internationale, à savoir la crise économique qui a ravagé considérablement les pays développés, a atténué l'ardeur d'adhésion de l'Algérie à l'OMC, selon le ministre du Commerce qui a relevé à ce propos qu'il faille plutôt opter pour la prudence. «Si on veut dire oui aux requêtes des USA et de l'Union européenne, on va rentrer demain.» Les questions posées par ces pays ont des conséquences directes sur le quotidien des Algériens, en matière de préservation de l'outil de production et de pouvoir d'achat. Le comité gouvernemental va se réunir la semaine prochaine pour décider des suites à réserver au dernier paquet de questions reçues de la part des USA et de l'Union européenne. Le département de M. Djaâboub compte réunir dans 15 jours les organisations patronales et les responsables de publication des grands journaux pour les entretenir du dossier OMC.