L'enlèvement d'un enfant est probablement la situation la plus dure à vivre pour des parents. Bien plus que la mort, après laquelle ils sont tout de même amenés à faire leur deuil, la disparition, surtout lorsqu'elle s'ensuit de drame, laisse les parents désemparés et désarmés. Bien que le phénomène ne soit pas ancré dans notre société, le rapt d'enfants est une réalité de l'heure. Les chiffres des différents services de sécurité sont là pour en attester. Pour le professeur Mostefa Khiati, président de la Forem, «le phénomène est nouveau, mais complexe, favorisé par des villes surpeuplées et cosmopolites - en tête celle d'Alger - ce qui rend facile toute disparition d'enfant, parfois dans le quartier d'habitation même, comme ce fut le cas pour nombre de petits enfants». Endiguer ce fléau ne peut se faire que par une sensibilisation constante de la cellule concernée, à savoir la famille. C'est à elle seule qu'incombe et incombera la responsabilité de protéger ses enfants contre tous les dangers qui les guettent. «Les instances étatiques chargées de la famille doivent augmenter la cadence de campagnes médiatiques afin de sensibiliser les familles sur leurs devoirs et les conséquences des enlèvements d'enfants afin d'éviter que ces actes ne prennent des proportions plus larges», poursuit-il. Côté services de sécurité, les enlèvements d'enfants, qui sont venus se greffer à leurs nombreuses autres activités, sont une chose réelle. L'efficacité de leur action repose sur un principe, celui de la rapidité d'agir. «Cela a été compris, je pense. La rapidité est un allié de taille pour espérer un dénouement heureux. Ailleurs, des moyens lourds comme des hélicoptères sont mis à contribution dès qu'un cas d'enlèvement est signalé dans n'importe quel coin du pays. Sans vouloir me répéter, je le redis les premières heures sont essentielles, encore faudrait-il que les parents aient conscience et signalent à temps la disparition de leur enfant. La réglementation stipule qu'il faut attendre 24h pour avoir la latitude de parler d'enlèvement, or la donne a changé, d'où l'importance d'adapter les textes à la réalité, car les rapts d'enfants existeront toujours.» Les enlèvements d'enfants, aussi graves soient-ils, ont évolué à l'image de la société elle-même. Plusieurs facteurs ont motivés ces travers. Les abus sexuels sont malheureusement les premières motivations, qui se terminent dans la majorité des cas par des meurtres. Viennent ensuite les demandes de rançons, les cas de sorcelleries et même le trafic d'organes, comme le cas de l'enfant enlevé à Maghnia. Pour ce défenseur affirmé de la cause des enfants, la protection des enfants contre toutes sortes de dépravations relève de la responsabilité des parents et d'eux seuls. «Or force est de constater que de nombreux parents ont tendance à faire dans la légèreté. Pour illustrer mes dires, un exemple bien précis, celui de la cybercriminalité. Combien de parents surveillent-ils les sites sur lesquels naviguent leurs enfants ?»