Les commentaires de nombreux Algérois apprenant l'effondrement d'une bâtisse à la rue Bouzrina (ex-rue de La Lyre), causant le décès d'une personne et blessant d'autres, tourne autour de «l'utilité ou non des travaux de renouvellement de pavés quand il y a urgence et que des constructions tombent en ruine». D'autres rappellent l'annonce faite en septembre de l'année en cours, par le gouvernement, lors de la réunion du gouvernement avec les autorités de la wilaya d'Alger, selon laquelle les travaux de réhabilitation à Alger vont coûter à l'Etat quelque 200 milliards de dinars (2,5 milliards de dollars). Il s'agit, selon le ministre des Finances, Mohamed Djellab, de «mesures urgentes» qui permettront d'améliorer la situation de la capitale sur plusieurs plans et visant à parer aux graves dysfonctionnements auxquels la capitale fait face depuis plusieurs années. Le ministre des Finances, qui s'exprimait devant la presse en marge de la 38e réunion des gouverneurs des banques centrales arabes, a noté que «le problème de la capitale n'est pas lié aux ressources financières mais plutôt aux insuffisances dans la programmation des projets, dans l'élaboration des études de maturité et leur réalisation dans les délais». C'est ainsi que de nombreux Algérois s'interrogent sur l'utilité de telles dépenses quand des bâtisses continuent à s'effondrer, allongeant la liste des victimes. D'autres s'interrogent sur la part revenant à la réfection des bâtisses vétustes concernant les 2,5 milliards de dollars. Les bâtisses vétustes, datant de l'époque coloniale, fragilisées par les pluies diluviennes et les vents interpellent la nécessité des travaux de réfection technique et de confortement quand, parfois, des travaux se limitent à repeindre des façades... et pas toutes les façades, dénoncent de nombreux habitants d'Alger. Le rapport final établi par la cellule de crise formée par le ministère de l'Habitat suite au récent tremblement de terre qui a frappé la capitale, a fait état de la présence de plus 4427 bâtisses menacées d'effondrement à travers dix communes, selon le Conseil national de l'Ordre des architectes algériens (Cnoaa), rendu public en août de l'année en cours. Le même rapport a tiré la sonnette d'alarme concernant le danger qui menace les habitants de ces bâtisses, tout en exigeant leur rénovation ou l'évacuation urgente des bâtisses concernées, avait-il été indiqué. Ledit rapport a notamment noté des défaillances constatées sur le tissu ottoman, notamment à La Casbah, et sur le tissu colonial (bâtiments mal ou pas entretenus), classés en 2003 en orange 3 ou orange 4, avait-il été annoncé par le Cnoaa qui avait précisé que les communes les plus touchées sont Bab El Oued, Bologhine, Rais Hamidou, Oued Koreich, Mohammed Belouizdad, Kouba, Hussein Dey, Bordj El Bahri, Bordj El Kiffan et Sidi M'hamed. Le ministère de l'Habitat tente de rattraper le retard Ajouté à cette situation, le fait que des années durant, il n'a pas été réservé d'espaces de secours pour les habitants en cas de séisme ou autre catastrophe naturelle. En effet, les normes universelles d'urbanisme veulent que dans chaque agglomération ou centre urbain, quatre mètres carrés d'espaces verts soient réservés par habitant. Ces normes exigent que des espaces verts et des aires libres soient réservés dans chaque cité pour servir d'abris aux habitants en cas de séisme ou autre catastrophe, rappelle-t-on. Le ministère de l'Habitat qui tente de faire face à cette situation a multiplié ses déclarations, ces derniers mois, exprimant sa volonté de tout mettre en œuvre pour le respect de ces normes et, par là, veiller à la sécurité du citoyen contre d'éventuels effondrements, séismes et catastrophes naturelles. Le ministère de l'Habitat insiste, effectivement, au cours notamment des études, sur la réalisation de projets. Des initiatives louables quand on sait que le caractère vétuste de bâtisses menace aujourd'hui au niveau national 400 000 personnes en cas de séisme.
Les issues de secours condamnées
De nombreux spécialistes en urbanisme tirent la sonnette d'alarme quant à ce qu'ils qualifient de «danger réel» représenté, selon eux, par «les constructions non achevées et souvent érigées sans permis de construire et en infraction totale avec les normes d'urbanisme», note-t-on d'autre part. Elles seraient 1 million de constructions inachevées au niveau national et qui menacent de s'effondrer en cas de séisme ou autres catastrophes, selon eux. Ils attirent également l'attention sur les issues de secours des salles de spectacles condamnées, ce qui empêcherait les spectateurs de sortir en cas de séisme ou d'incendie, expliquent-ils. «En cas d' incendie, de séisme ou d'accidents, de nombreuses salles de spectacles dont les issues de secours ont été condamnées peuvent garder prisonniers des centaines de spectateurs, les mettant en grand danger», expliquent-ils.