Livrée au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est aujourd'hui menacée d'«occupation» par Daech.La menace est illustrée par la relance de l'appel du gouvernement libyen destiné aux pays arabes pour l'aider à combattre cette organisation terroriste dont le dernier méfait est la décapitation de dizaines de civils dans la ville libyenne de Syrte. Le gouvernement libyen, reconnu par la communauté internationale, a de nouveau appelé les pays arabes à l'aide contre Daech, réclamant des frappes contre les positions de l'organisation terroriste dans la ville de Syrte ravagée par les combats. Dans un communiqué officiel publié dans la nuit de samedi à dimanche, ce gouvernement exilé dans la ville d'Al Bayda (est de la Libye), se déclare «incapable de faire face à l'EI en raison de l'embargo sur les armes imposé à l'armée» par l'ONU depuis 2011. Par conséquent, le gouvernement libyen exhorte les pays arabes frères à «lancer des frappes aériennes ciblées contre les positions de l'EI à Syrte en coordination avec les autorités concernées». De violents combats ont éclaté mardi à Syrte entre hommes armés et habitants ayant pris les armes d'une part et l'organisation terroriste de l'autre, faisant des dizaines de morts. Précédemment, Daech, qui occupe une partie de la Libye, a lancé plusieurs attaques et perpétré de nombreux assassinats. La Libye, qui compte deux parlements et deux gouvernements qui se disputent le pouvoir, est menacée par l'extension de Daech au point que le gouvernement reconnu ainsi que le Parlement sont forcés à s'exiler dans l'est du pays. Les massacres perpétrés par cette organisation terroriste se multiplient. «Un véritable massacre se produit à Syrte et nous appelons la communauté internationale à intervenir», a déclaré vendredi l'ambassadeur de Libye en France, Chibani Abouhamoud. Cette situation menace également les pays du voisinage. C'est à partir de la Libye que les terroristes auteurs de l'attaque contre le site gazier de Tiguentourine ont démarré, avait annoncé le ministre algérien de l'Intérieur de l'époque, Dahou Ould Kablia. L'auteur présumé de l'attaque terroriste perpétrée dans la ville tunisienne de Sousse se serait entraîné en Libye, selon le gouvernement libyen. Une intervention arabe pour contrer une ingérence occidentale ? En lançant un appel aux pays arabes pour l'aider à faire face à Daech, la Libye veut éviter une intervention militaire occidentale comme évoquée il y a quelques mois. Des appels ont été lancés dans des pays occidentaux, il y a quelques mois, pour une intervention militaire en Libye sous prétexte de «lutter contre l'immigration clandestine» vers l'Europe qui prend des proportions alarmantes et surtout enregistre des centaines de naufragés en méditerranée. Le Premier ministre du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale Abdallah al-Theni a indiqué que son gouvernement refuse toute intervention militaire étrangère sur le territoire libyen, avait rapporté lundi l'agence de presse officielle Lana. «La Libye accueille favorablement la coopération avec tous les pays, dans le respect mutuel et la non-intervention dans les affaires internes libyennes», avait déclaré le Premier ministre libyen. Ces remarques font suite à certains rapports selon lesquels les pays européens envisageraient de relancer des opérations militaires en Libye dès qu'un gouvernement d'unité sera formé, sous prétexte de «lutter contre l'immigration clandestine» vers l'Europe. La Libye, qui n'est pas en mesure de faire face militairement à Daech, opte pour une intervention militaire arabe et non occidentale. Il est vrai que l'intervention militaire française décidée par Nicolas Sarkozy est la cause du chaos en Libye qui profite à Daech. Aujourd'hui, des camps d'entraînement sont carrément établis en Libye par Daech. Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ne veut pas être supplantée par Daech, fait de même dans ce pays. L'Algérie, qui s'était opposée à l'intervention militaire décidée par Nicolas Sarkozy, reste fidèle au principe de non ingérence dans les affaires internes des autres pays. Elle est favorable à une solution politique et pacifique à la crise libyenne qui passe par l'instauration d'un gouvernement national qui regroupe toutes les parties libyennes, mais s'inquiète de l'extension de Daech en libye et dans la région.