La 18e réunion de la tripartite qui s'est tenue à Biskra a confirmé une fois de plus que le gouvernement n'a pas l'intention de revoir sa politique économique. Conforté par les réserves de change pouvant assurer les besoins des importations durant les deux prochaines années, l'Exécutif maintient sa politique des transferts sociaux et s'abstient de répondre aux principales revendications du secteur privé national et étranger, notamment la levée des contraintes en matière d'accès au financement, le monopole sur certains secteurs économiques et la régulation du foncier. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est allé jusqu'à reprocher aux banques installées en Algérie de se contenter de financer les opérations du commerce extérieur au détriment de l'investissement. Or, il se trouve que ces établissements font face à une multitude de problèmes, dont on peut citer le plus crucial, la faiblesse du tissu productif algérien. Fortement concurrencé et peu compétitif, le secteur économique algérien peine à s'imposer en l'absence d'une politique économique audacieuse et visionnaire. C'est ce que relèvent en substance des experts et économistes sollicités hier par Le Temps d'Algérie. Ferhat Aït Ali, Malek Serrai et Kamel Kheffache estiment, en effet, que le gouvernement est loin de répondre aux attentes du patronat et de prendre les mesures qui s'imposent. D'abord, ils soulignent que la dernière tripartite n'a pas donné lieu à la prise de décision reflétant l'ampleur de la crise frappant le pays. «(…) En fait, à chaque tripartite nous avons l'inconfortable impression que chaque partie défend une chapelle restreinte et une vision antagonique de celle des autres. Au final, aucune partie, y compris le gouvernement, ne détient des données précises sur le véritable état de notre économie et les secteurs qu'on se propose de lancer ou de relancer», a relevé en effet l'analyste financier Ferhat Aït Ali. Dans le même ordre d'idées, Mébarek Malek Serrai, consultant en économie, a soutenu que «la dernière tripartite n'a que confirmé ce qui a été adopté dans le passé». L'économiste Kamel Kheffache va plus loin en confiant que «la tripartite n'a pas pris en considération l'ampleur de la situation économique du pays». Autrement dit, la dernière réunion de la tripartite a prêché dans le désert. Les enjeux de la diversification de l'économie, le climat des affaires, la stratégie industrielle, la lutte contre la bureaucratie n'ont pas été suffisamment abordés, ont estimé les experts sollicités. Loin de verser dans le pessimiste et l'alarmisme, ils n'écartent pas d'ailleurs de graves difficultés financières à l'avenir, invitant le gouvernement à revoir sa politique sociale et sa vision du secteur privé, considéré comme le véritable moteur de croissance et de création de richesse. Les trois intervenants sont unanimes à dire que l'amenuisement des recettes de l'Etat va crescendo, ce qui nécessite, appuient-ils, de trouver d'autres mécanismes de financement à défaut de virer vers la spirale de l'endettement extérieur.