L'autisme, un trouble neuro-développemental sévère de comportement défini aussi comme «trouble envahissant du développement (TED)» ou «trouble du spectre autistique (TSA)» gagne du terrain ces dernières années dans le pays, où, selon les spécialistes, près de 100 000 cas sont recensés. C'est avant tout un handicap social qui empêche l'enfant d'interpréter la présence de l'autre, de communiquer avec son entourage, car son cerveau ne sait pas traiter correctement les informations sensorielles. Ce sont des enfants qui ont besoin d'une stratégie éducative tout au long de leur vie. À Sidi Bel-Abbès l'association des enfants autistes compte, depuis sa création en 2013, quelque 200 enfants. Un chiffre approximatif qui ne reflète pas le nombre réel des sujets atteints, car beaucoup de parents ne sont pas conscients de l'état de santé de leurs enfants, dès lors que le diagnostic précoce doit se faire avant 3 ans. Une journée d'étude initiée par l'association Taïbi Larbi en collaboration avec les membres de l'association du centre des infirmes moteurs et cérébraux (IMC), des psychologues et des orthophonistes, a été organisée en vue d'expliquer aux présents, notamment les parents des enfants autistes invités, le comportement d'un enfant autiste et les symptômes de ce syndrome qui se situent dans les difficultés de la communication. Un syndrome qui se traduit par l'isolement, le manque d'attention, un langage souvent inadéquat, le rire sans raison, la répétition sans cesse de mots prononcés par l'entourage et des comportements inappropriés qui, selon les spécialistes, font de lui un être différent. Madame Chahbi, orthophoniste et membre à l'association des IMC a souligné pour sa part que le nombre des autistes reste élevé, face au peu de moyens dont dispose leur association, ce qui rend la prise en charge de cette frange de la société difficile, a fortiori d'une formation dans ce domaine qui fait défaut. Notre interlocutrice souligne que durant la journée de consultation, parmi une dizaine d'enfants, 7 au moins sont autistes. «Ce qui nous a incités à nous intéresser plus à ce phénomène et à collaborer avec l'ensemble des psychologues pour essayer d'aider ces enfants et surtout leur parents qui n'admettent pas que leurs enfants souffrent d'un trouble neuro-développemental.» Les équipements spécialisés nécessaires Le problème du manque d'équipements met l'ensemble de l'équipe face à un obstacle difficile à dépasser, car d'après Mme Chahbi le centre n'est pas spécialisé. «Devant le manque de matériel adéquat, il nous ait difficile d'atteindre nos objectifs et de prendre en charge de façon efficiente les cas admis. Le matériel de dépistage et les tests de psychologie à titre d'exemple, sont indispensables pour un orthophoniste», dira notre interlocutrice, qui poursuit amèrement : «S'agissant d'une association, cela nous revient excessivement cher et la contribution des donneurs reste minime.» C'est aussi l'avis des membres de l'association des autistes de la wilaya, qui mettent en exergue l'urgence de prise en charge de certains cas. Or, le manque de matériel et de personnel spécialisé condamne ces enfants à vivre dans un double isolement, vu que déjà leurs parents sont souvent inaptes à comprendre la maladie de leurs enfants au moment voulu. C'est souvent tardivement qu'ils songent à consulter et s'orienter vers les psychologues. La formation de spécialistes en autisme est un problème qui se pose avec acuité aux orthophonistes qui s'échinent à réussir leur mission. Il existe des degrés d'autisme, certains sont sévères, moyens ou légers. Des cas que les spécialistes peuvent dépister évidemment avec le matériel adéquat, les échelles d'évaluation, outre des troubles du comportement qui restent difficiles à distinguer des autres cas psychologiques. «Il faut vraiment être sûr qu'il s'agit d'un cas d'autisme», insiste l'orthophoniste, «pour arriver à de bons résultats». L'association des enfants autistes de la wilaya pose également le problème du terrain pour la réalisation d'un centre pédagogique pour les enfants autistes. D'un coût total évalué à 16 milliards de centimes, c'est un projet qui n'est pas prêt de voir le jour. A l'IMC il existe actuellement deux classes d'enfants autistes composées de 27 enfants, à qui on assure des séances régulières de travail, mais qui demeurent insuffisantes pour arriver aux buts voulus. Un programme d'enseignement spécifique en urgence Les parents et les spécialistes sont d'accord. il faut opter pour un programme d'enseignement en urgence. Comment ? En créant des classes spéciales au sein des établissements scolaires ? Ou isoler ces enfants dans des centres spécialisés, alors que le but est de les intégrer dans la société. C'est la problématique qui inquiète le plus les parents incapables de trouver une solution lorsque leur enfant n'est pas admis dans une école primaire à cause de son cas psychologique instable, qui ne pourra en aucun cas avoir un cursus scolaire normal. Les parents désespérés ont dès lors perdu tout espoir de voir leurs enfants devenir un jour des personnes normales.