La dépréciation du dinar est perçue comme un «cauchemar» pour les entreprises. Outre qu'elle soit «un frein à l'investissement», elle risque d'être à l'origine d'une inflation dans les prochains mois. «L'inflation va grimper et va même atteindre un taux à deux chiffres», craint le directeur général de l'entreprise Argilor du groupe Benhamadi, Hocine Benhamadi. L'Algérie subira une pression inflationniste qui se fera ressentir davantage en 2016. Cette crainte est partagée par plusieurs opérateurs économiques à l'instar de Salah Eddine Abdessamad, vice-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Il appréhende, en effet, que cette régression de la valeur du dinar ait des relents inflationnistes. «L'inflation sera importante dans les prochains mois. Seuls les prix des produits subventionnés par l'Etat ne connaîtront pas de changement tandis que tous les autres produits connaîtront des hausses», a-t-il prédit. Le gouvernement qui prône le dialogue avec les opérateurs économiques est appelé à discuter des répercussions de la baisse de la valeur du dinar avec les entreprises. Selon M. Benhamadi, l'inflation aura des répercussions négatives car la croissance économique va baisser et donc moins de valeur ajoutée. «Les opérateurs économiques essayent de subsister», a-t-il souligné, demandant à la Banque d'Algérie de «revaloriser le dinar et lui donner une valeur correcte». Il accuse la Banque centrale de ne pas agir pour stopper cette dépréciation. Malgré cette conjoncture, les entreprises tentent de résister. «Le groupe Benhamadi a atteint un taux de 80% d'intégration pour la fabrication de produits électroménagers à travers sa filiale Condor par exemple», s'est-il réjouit, poursuivant que ce taux a atteint entre 40 à 50% pour d'autres produits fabriqués par le groupe spécialisé aussi dans la fabrication des panneaux solaires notamment. Il a recommandé à cet égard l'encouragement de la création des entreprises sous-traitantes. Pour l'entreprise Condor, à titre d'exemple, il a relevé qu'il n'est pas possible de produire tous les composants d'où l'intérêt de recourir à des entreprises sous-traitantes. «Il faut encourager les opérateurs à se lancer dans les filières accessoires pour augmenter davantage le taux d'intégration de la production nationale», souhaitera Hocine Benhamadi. Effet d'entraînement De son côté, le président de la Fédération de l'agroalimentaire de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), Abdelouahab Ziani, a confié que «les entreprises craignent la poursuite de la baisse de la valeur du dinar qui risque encore de glisser». Les entreprises, poursuivra-t-il, se demandent quand est-ce que cette dépréciation va s'arrêter. «Le fait que la valeur du dinar n'est pas fixe, ça nous fait peur, car les opérateurs économiques ne sont pas rassurés quant au prix des matières premières sur le marché international». Il regrette que «l'Etat décide de dévaluer la monnaie et les entreprises supportent les conséquences». Des entreprises risquent la fermeture à cause de la déstructuration du marché. Quant à M. Abdessamad, il relève que les entreprises subissent les conséquences de la baisse de la valeur de la monnaie nationale car les prix de tous les intrants ont augmenté. «Pour maintenir son activité, l'entreprise se voit obligée d'augmenter les prix de ses produits», a-t-il noté. Il a plaidé à cet égard pour la révision des taxes douanières imposées sur les importations de certains intrants pour aider les opérateurs à supporter la baisse de la valeur de la monnaie nationale. «Il faudra des révisions au cas par cas», a-t-il suggéré. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a indiqué, en septembre dernier, que «le dinar a enregistré une dépréciation de 22% par rapport au dollar américain, mais s'est apprécié de 0,6% par rapport à l'euro au premier semestre 2015, comparativement à la même période de 2014». Cependant, les choses se sont accélérées au cours de l'été puisque le dinar a encore perdu près de 7% de sa valeur par rapport au dollar entre juin et octobre (99 DA pour un dollar fin juin 2015 et 105 DA pour un dollar au 20 octobre 2015).