Il était attendu sur le terrain du règlement du foncier agricole, de la levée des entraves bureaucratiques et sur l'assurance sociale des fellahs. Sur toutes ces questions, Abdelmalek Sellal n'a pas soufflé mot. Les fellahs sont restés sur leur faim jeudi à Aïn Defla. Ils étaient venus des quatre coins du pays pour écouter le Premier ministre plaider la cause «des gens qui vivent du travail noble de la terre». A la fin du discours, motus sur les «mesures phares» que Sellal avait lui-même promis de prononcer, car mis à part la confirmation de l'ouverture des écoles de formation pour les agriculteurs à El Oued, Mascara et Aïn Defla et les mesures de subvention de l'achat du matériel agricole, le Premier ministre a éludé les questions en relation avec le règlement du foncier agricole, la levée des entraves bureaucratiques et la garantie aux agriculteurs de leur faciliter l'accès au système d'assurance sociale. Pourtant, le président de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui, qui prenait la parole avant le Premier ministre, avait présenté une plate-forme de propositions, dont l'annulation du titre de jouissance à toute personne n'ayant pas exploité une terre agricole pendant cinq ans. De l'or noir contre de l'or vert Si sur le sujet de l'agriculture le Premier ministre n'a pas été bavard, les questions du recul du prix du baril et de l'avenir économique du pays dans un tel contexte ont été largement commentées. En effet, Abdelmalek Sellal a estimé à Aïn Defla que l'Algérie ne doit pas s'attendre à voir les prix du pétrole repartir à la hausse de sitôt : «Selon des experts que nous avons consultés, les prix du pétrole resteront en 2016 au même niveau qu'aujourd'hui. Ils pourront éventuellement connaître une amélioration à partir de 2017, car en l'état actuel des choses, même les grandes compagnies pétrolières ne pourront pas tenir le coup», a estimé le chef de l'Exécutif. Sellal a appelé les agriculteurs à travailler dur pour contribuer à faire sortir le pays de sa dépendance envers les hydrocarbures. «N'accordez pas d'importance à ceux qui vous disent que les réserves de pétrole ont été épuisées en Algérie. Hassi-Messaoud (le plus important gisement du pays) est exploité à seulement 18%», a rassuré le Premier ministre, avant d'insister sur la nécessité de développer d'autres secteurs pour diversifier l'économie nationale et se mettre définitivement à l'abri de crises semblables à celle du crash pétrolier que traverse actuellement l'Algérie. La chute vertigineuse des prix du pétrole a fait que les recettes du pays ont été fortement affectées. Les hydrocarbures ont représenté 94,56% du total des exportations durant les trois premiers trimestres de 2015. Elles ont été de l'ordre de 27,29 milliards de dollars USD contre 46,58 mds USD à la même période de 2014, soit une baisse de 41,41%. Les prix du brut se sont stabilisés autour de 46 dollars à Londres après avoir perdu plus de 60% de leur valeur depuis début 2014.