Le retard dans les précipitations inquiète sérieusement les fellahs et les pouvoirs publics, à tel point que Salat el istisqa (prière pour la pluie) a été accomplie vendredi dernier à travers toutes les mosquées du pays. Pour rassurer les agriculteurs, mais aussi toute la population qui craint le retour des années de sécheresse qu'a connues l'Algérie durant les années 1990, le spécialiste en météorologie et climat, Cheikh Ferhat, estime que la pluie qui se fait désirer ces dernières semaines est «un phénomène cyclique qui revient tous les 10 ans». Voulant dédramatiser la situation, Cheikh Ferhat, que nous avons joint hier par téléphone, explique que ce phénomène ne concerne pas seulement l'Algérie, mais touche tout le bassin occidental de la Méditerranée. «Outre l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, ainsi que les îles ibériques, l'Espagne, l'Italie et le sud de la France sont également affectés par le déficit pluviométrique», a expliqué notre interlocuteur. Se lançant dans les prévisions, le présentateur du bulletin météo sur plusieurs médias a prévu que les précipitations ne vont pas tarder à venir. «Selon mes prévisions, les pluies sont attendues vers la fin du mois, soit à partir du 28 décembre. Il y a actuellement une baisse du champ de pression au niveau de l'Atlantique qui avance progressivement pour nous atteindre d'ici la fin du mois.» Interrogé sur les conséquences que ce manque d'eau pourrait avoir sur l'agriculture, Cheikh Ferhat a minimisé l'impact. «Nous avons enregistré au début de l'automne des chutes de pluie qui ont permis aux fellahs d'emblaver et semer leurs terres. Maintenant, des pluies seront évidemment toujours les bienvenues. Mais le plus important pour l'agriculture, c'est que les eaux de pluie soient au rendez-vous surtout entre fin février et mai. C'est en cette période, à savoir le printemps, que le manque d'eau serait fatal pour les récoltes.» Pour le moment, le manque d'eau n'a pas influé sur les prix des fruits et légumes au niveau des marchés, mais si cette situation persiste, il est fort probable que les marchands évoquent cette raison pour flamber les prix. En termes de constitution des stocks d'eau, notamment au niveau des barrages, il est encore tôt de se prononcer sur ce que serait l'été 2016, dans la mesure où les retenues d'eau peuvent être remplies en l'espace de quelques jours seulement à condition que les précipitations soient fortes.