Dans son histoire longue de 47 années, l'équipe d'Algérie de football a connu de nombreux grands rendez-vous. Parmi ceux-ci, il y eut celui du mois de novembre 1989 contre l'équipe d'Egypte dans le cadre de la phase de qualification à la Coupe du monde qui devait se dérouler une année plus tard en Italie. L'équipe d'Algérie restait sur une double qualification à la phase finale au Mondial, en 1982 et en 1986, et aspirait à une troisième qualification à cette grandiose compétition. Quelques-unes des stars qui avaient fait sa gloire lors des phases de qualification des deux précédentes Coupes du monde, comme Madjer et Belloumi, étaient encore en activité. On pensait que les Verts étaient capables de surmonter cette nouvelle épreuve. On avait, seulement, négligé le fait que ces stars avaient quelques années en plus et que l'adversaire pouvait créer la surprise. De fait, lors du match aller, disputé à Constantine, le coach algérien, Kamel Lemoui, s'était trompé dans sa stratégie obligeant, de la sorte, son équipe à se contenter du match nul (0-0). Plus d'un mois plus tard, dans un stade du Caire plein comme un œuf (il y avait plus de 100 000 spectateurs), les Egyptiens avaient très tôt fait la différence grâce à un but de Hossam Hassan et bénéficié d'une tactique à vocation défensive et basée sur la prudence élaborée par Abdelhamid Kermali, qui avait remplacé Kamel Lemoui, entre les deux matches, au poste d'entraîneur national. C'était là un des grands rendez-vous de l'équipe nationale, du moins un évènement qui avait été médiatisé à outrance même si à cette époque là les titres de la presse nationale n'étaient pas aussi nombreux qu'aujourd'hui. Algérie - Egypte a remplacé Algérie - Tunisie Dans la même lignée, il y eut une double confrontation Algérie - Tunisie en 1977 pour le compte de la qualification à la Coupe du monde de 1978. Après avoir perdu le match aller à Tunis, sur le score de 2 buts à 0, les Verts pensaient bien refaire leur retard à Alger lors du match retour. Dans un stade du 5 Juillet, qui avait battu son record d'affluence à cette occasion, les Algériens avaient fait match nul (1-1) et échoué dans leur quête à la qualification malgré l'apport d'un Mustapha Dahleb, alors au sommet de sa gloire avec le Paris SG. D'autres matches avaient une très grande importance mais ils n'avaient pas atteint le degré de passion suscitée par les deux confrontations dont nous venons de parler. On peut, ainsi, penser aux deux rencontres contre le Nigeria en 1981 pour la qualification à la Coupe du monde de 1982 et aux deux autres contre la Tunisie en 1985 comptant pour la qualification à la Coupe du monde de 1986. Un engouement sans précédent Voilà qu'arrive le jour d'un match qui, de jour en jour, n'a fait qu'accentuer l'engouement qu'il suscite auprès des supporters algériens. Un Algérie - Egypte que l'on présente comme le vrai match de qualification à la Coupe du monde de 2010. Ce n'est pas pour rien que des chanteurs algériens ont sorti des tubes juste pour cet évènement. Or il est faux de croire que cette confrontation est décisive. Dans les péripéties que nous évoquions plus haut, il s'agissait de matches où la qualification était en jeu. Celui du 7 juin n'est que le second d'une série de six, pour chacune des deux équipes, à l'issue de laquelle on connaîtra celui qui ira en Afrique du Sud l'année prochaine. C'est dire que le vainqueur d'aujourd'hui ne pourra pas affirmer qu'il a son billet pour le Mondial alors que le perdant devra se garder de croire qu'il a perdu tout espoir d'aller en Afrique du Sud. Voilà pourquoi, selon nous, il serait utile de diminuer de la pression faite autour de ce match. C'est tout juste si on pourra spéculer sur la rivalité des deux équipes. Les objectifs revus à la hausse Il faut dire que les Algériens ont soudainement changé de stratégie de communication. Lors des qualifications à la Coupe du monde et à la CAN 2010, il n'était question que d'une honorable participation avec un mince espoir de passer le cap pour la phase finale de la CAN. A ce moment, le coach national, Rabah Saâdane, ne cessait de dire que notre football accusait un tel retard que notre équipe nationale ne pouvait se battre que pour la qualification à la CAN. Mais le temps a passé et les matches également. Dans un groupe composé du Sénégal, de la Gambie et du Liberia, les Verts n'étaient passés qu'au forceps. Il faut, en effet, admettre qu'ils n'ont que rarement offert à leur public de bonne facture hormis la réaction d'orgueil contre le Sénégal à Blida. Ce qui voulait dire que l'équipe d'Algérie était dans son élément de sélection de niveau moyen pour qui la qualification à la Coupe du monde restait une sorte d'Everest. Une fois le tirage au sort de l'ultime phase de qualifications effectué, on a eu droit à des pincements de lèvres pour montrer que dans un groupe où se trouve l'Egypte, la route à la Coupe du monde est presque barrée. Mais le temps passant, les opinions ont commencé à changer, surtout sous l'effet de titres de la presse spécialisée. Pourtant, l'Egypte est bien là. Cette Egypte, double championne d'Afrique et qui en 2008 (cela fait un peu plus d'un an) avait impressionné le monde du football en survolant la phase finale de la CAN qui s'était déroulée au Ghana. Il n'y a guère à tergiverser : la sélection qui s'était imposée lors de la CAN 2008 est supérieure à la nôtre dans presque tous les domaines. Seulement, depuis un peu plus d'un an, il semblerait qu'elle n'est plus aussi pétillante qu'au Ghana. C'est ce qui a donné des idées à pas mal de gens, d'autant que le club emblématique de ce pays, El Ahly du Caire, traverse une crise matérialisée par une double élimination de la Ligue des champions africaine et de la Coupe de la CAF. Ce pourrait être une opportunité pour les Verts appelés à sortir un jeu à la dimension de celui qu'ils avaient développé contre les Sénégalais lors du tour précédent. Un jeu où la hargne et la volonté avaient primé et comme il faudra bousculer les Egyptiens, c'est bien le moins qui leur sera demandé.