Dégager une plateforme globale pour le renouveau du théâtre algérien est indispensable pour relancer cet art global et millénaire. Tel est le but de «Paroles en scènes». «L'idée est simple et évidente. Ce projet, je l'ai proposé il y a plus de dix ans au ministère de la Culture, mais il n'y a jamais eu de retour», a dit le metteur en scène Ziani Cherif Ayad, l'initiateur de ce projet, hier matin lors de la conférence de presse tenue à cette occasion au TNA. «Tout le monde parle des manques flagrants dans le théâtre algérien, on fait des constats, des diagnostics, il faut agir pour changer les choses», poursuit Cherif Ayad. Il fera savoir que ce projet n'est pas une nouveauté mais que ce genre d'initiative existe depuis longtemps dans d'autres pays. «Un Shakespeare ou un Kateb Yacine ne tombera pas du ciel du jour au lendemain. Il faut aider et encadrer toute personne ayant une passion pour l'écriture, mais ne sachant pas comment s'y prendre pour pouvoir développer ses idées, les mettre en scène et espérer être connu pour ça», soulignera Ziani avant de renchérir : «Cette résidence sera un espace qui permettra de découvrir ces talents et de les aider à émanciper leurs passions.» Mohamed Yahiaoui, directeur du Théâtre national algérien, dira pour sa part que le TNA encourage et soutient ce genre d'initiative dans la mesure où son «budget le lui permet». Une chance pour cinq candidats
Les projets retenus seront transmis au TNA où un jury national, composé d'un metteur en scène (Boubekeur Makhoukh), d'un auteur (Arezki Mellal pour l'écriture) et d'un spécialiste de la langue (Noureddine Saoudi) accompagnera et encadrera les jeunes auteurs. Au terme de cette sélection, seulement cinq candidats seront retenus. Ces derniers participeront à la «Résidence d'écriture» pour une période de trois semaines (20 jours) à Alger et seront amenés à faire évoluer leur texte pour livrer un avant-projet d'une heure de lecture (30 m). A la fin de cette période, les cinq propositions de texte feront l'objet de deux séances de lecture, animées par des comédiens professionnels sous la direction d'un metteur en scène et ouvertes au public. «Ici, les auteurs pourront voir leurs textes en mouvement sur scène, revoir l'écriture, peaufiner les détails…», précise Ziani. La seconde étape traitera les textes qui ont été présentés sous forme de lecture et qui seront proposés à des metteurs en scène pour les développer dans la forme d'une «mise en espace». Notons par ailleurs que les projets finis seront produits par le TNA ainsi que les théâtres régionaux partenaires. Cette étape verra la formation de cinq équipes composées d'étudiants de l'Ismas (Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel d'Alger), et l'INSM (Institut national supérieur de musique), qui auront suivi les étapes et les évolutions de la résidence, et choisi les textes pour lesquels ils auraient eu le plus de sensibilité et sur lesquels ils souhaiteraient travailler. Ces cinq productions feront l'objet de la naissance d'un événement intitulé : «Rencontre de la jeune création».
Pour l'émergence de nouveaux auteurs A noter aussi que cette manifestation sera itinérante et sera organisée chaque année dans l'un des théâtres régionaux, et suivie d'une tournée nationale. Par ailleurs, des actions culturelles complémentaires auront lieu durant la résidence artistique, et se traduiront par des lectures de spectacles (texte algérien), projections de pièces théâtrales ayant un lien avec la résidence artistique en plus d'interventions sur le théâtre algérien «expériences d'écriture individuelles et collectives…» Redéfinir les missions, repenser la formation, innover en matière de relation avec le public, créer des mécanismes plus performants pour aider à l'émergence de vrais auteurs de théâtre, de metteurs en scène et techniciens dans tous les métiers liés au spectacle, est l'une des préoccupations et missions les plus urgentes et sensibles que les professionnels du domaine tiennent à mettre sur pieds.