«Reconstruction du consensus national», «transition démocratique» et «initiative politique nationale pour avancer dans la cohésion et la stabilité». Les propositions de sortie de crise ne manquent pas, mais peinent à se concrétiser sur le terrain. Les analystes évoquent l'absence d'un rapport de force équitable entre le pouvoir et l'opposition, le manque de volonté chez les uns et chez les autres, ainsi que l'obstruction des canaux de dialogue comme étant les facteurs principaux de l'échec de toutes ces initiatives. Mais ni les uns ni les autres ne jettent le tablier : ils se disent tous déterminés à poursuivre leur démarche jusqu'au bout, chacun se disant convaincu que seul son projet peut sortir le pays de la crise multidimensionnelle qu'il traverse. Ainsi, alors que tout le monde croyait que son «initiative politique nationale pour avancer dans la cohésion et la stabilité» avait été abandonnée, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, vient de remettre à l'ordre du jour son projet. Il a annoncé, dimanche, la tenue d'un grand meeting dans les prochains jours à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf avec la participation de tous les partis qui ont adhéré à sa démarche. Le FLN tient donc à son initiative malgré le manque d'adhésion y compris parmi les partis au pouvoir. Le RND dont le patron n'échappe pas aux coups de tonnerre de son homologue du parti majoritaire, oppose un niet catégorique au projet «hégémonique» de Saâdani. L'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (Isco) ne compte pas, elle aussi, laisser tomber son projet de «transition démocratique» malgré le peu de chance de son aboutissement. Cette organisation, qui regroupe les principales forces de l'opposition, éprouve des difficultés pour trouver un lieu où sera abrité son deuxième sommet, prévu le 27 mars. Réunis dimanche au siège du parti Ennahda, les membres de cette instance ont dénoncé des entraves administratives et des tentatives d'interdire cette réunion. «Mais notre congrès est maintenu. Il sera un sérieux test pour les tenants du pouvoir qui prétendent vouloir respecter les libertés et redonner à l'opposition ses droits légitimes», a déclaré le premier responsable du mouvement Ennahda, Mohamed Dhouibi. Ce sommet sera également un véritable test pour l'opposition d'affirmer son union face au pouvoir. Absence de confiance… Cela au moment où le FFS refuse d'adhérer à l'Isco et dénonce les pratiques du pouvoir. Le plus vieux parti de l'opposition tient, lui aussi, à son projet de «reconstruction du consensus national», en dépit des hostilités et des conditions qui jouent en sa défaveur. L'absence de confiance entre le pouvoir et l'opposition d'une part, entre les partis au pouvoir eux-mêmes et entre les partis de l'opposition d'autre part, a hypothéqué l'aboutissement de toute initiative. Qui n'a pas alors la volonté de dialogue d'entre le pouvoir et l'opposition ? L'ancien président du MSP, Bouguerra Soltani, estime que c'est le pouvoir qui détient les clés du dialogue. «Le dialogue est une volonté du pouvoir. S'il veut dialoguer avec les partis de l'opposition, il les aurait réunis car il a le pouvoir de décision et les sceaux de la République. Si le pouvoir veut ouvrir le dialogue bilatéral ou multilatéral avec les partis, il aurait réuni les conditions pour un dialogue politique et non technique autour d'un projet prêt à l'avance», a-t-il expliqué récemment dans une déclaration au Temps d'Algérie. Ali Brahimi, ancien député et porte-parole du MCLD, condamne les initiatives du FFS et de l'Isco à l'échec en raison, explique-t-il, de l'absence d'un rapport de force qui imposerait au pouvoir de s'asseoir à la table de dialogue et de négociations. C'est ce rapport de force justement que le RCD qui plaide pour une sortie de crise négociée veut construire en tentant de convaincre ses alliés de l'Isco de le faire à travers la mobilisation de la rue. En tout cas, au moment où la consolidation du front interne devient une obligation pour faire face à tous les risques qu'encourt l'Algérie, les désaccords entre le pouvoir et l'opposition ne travaillent pas les intérêts du pays.