Les tableaux de Rekia Seferdjeli virent tantôt à l'abstrait tantôt au surréalisme et comportent des traces de figuratif. Les couleurs dominées par le bleu, le rouge sur fond violet abritent le rêve du peintre. Regard folie artistique ! Comme un bruissement, le ton prend la forme des courbes où les couleurs s'entrechoquent pour faire éclater la lumière. Angoisse de femme. Le regard brisé. De petits carrés sombres meublent l'espace inhabité. Une belle femme dans les vapeurs de l'alcool. Rekia donne une musicalité à ses œuvres. Comme un refrain, des petits carrés laissent une voie, une échappatoire. Les sujets sont variés et le style aussi. Ce qui donne libre cours à l'artiste de traîner son pinceau pour découvrir d'autres champs, du quotidien, du sempiternel. Terre et sang, Sabra et Chatila, Palestine sont autant de sujets que l'artiste traite dans ses œuvres. Des courbes en forme de flammes Génocide, Pain trempé dans du sang. Gouttes de larmes. Maison hantée. Ruine. Mais la germination est un autre départ, un autre refrain, pour un nouveau souffle. Rekia peint avec des accents poétiques. Elle prend toute sa liberté pour étaler des vers éclatants de couleurs, comme des gerbes de flammes. Cette artiste au long voyage extirpe des rêves inassouvis et nous projette des fragments auréolés de fleurs. Parce que peut-être… L'artiste est libre, outrée par le mensonge. Splendide Décor aux écumes de neige. La foule dense attend le départ qui tarde à venir. La colère. Un nouveau souffle Mais la germination est un autre départ, un autre refrain, pour un nouveau souffle : arracher la lumière. Rekia a, depuis son très jeune âge, été passionnée de peinture, elle avait horreur des murs nus. Elle aime tout ce qui est beau et même ce qui semble ne pas l'être, elle sait le découvrir à la manière des poètes. Son regard donne à voir un univers de matière qui est celui de notre terre. Elle décrit par des signes, des empreintes, des renflements, une cartographie qui nous invite à d'incessantes pérégrinations au travers de paysages de terre, d'eau, d'air et de feu, dans un voyage à la rencontre de la représentation que notre sensibilité imposera à ses œuvres. Cette artiste ne rentre pas dans les carcans des «styles» ou des «catégories» d'artistes classiques, elle navigue dans des supports multiples, des médiums variés, offrant ainsi une palette d'œuvres atypiques et émotionnelles. La tristesse aussi, elle ne lui fait pas peur. Elle habite chaque être. Alors de labyrinthe en labyrinthe, elle nous fait découvrir des paysages humains, des ruines et la hantise du beau. Rekia a exposé à Hanoï à l'occasion de l'anniversaire de l'Intifada en terre de Palestine, elle a de même exposé à Brazzaville en 1990 et en Algérie notamment au théâtre de verdure et El-Mouggar à Alger et à Oran. Native d'El-Bayadh, Rekia Seferdjeli a peint aussi l'apartheid. Elle a fait des études à l'école supérieure des beaux-arts de Hanoï. Pour ce pays, le Vietnam, qu'elle aime bien, elle me dit alors : «Le Vietnamien porte d'une main un bol de riz et de l'autre un tableau ou un livre».