«Contrôlée séropositive, une jeune fille est actuellement hospitalisée au CHU de Tlemcen. Selon des sources médicales, c'est suite à un examen médical de cette dernière qu'il a été établi qu'elle était porteuse du VIH. Lors de la consultation, la jeune fille a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec plus d'une quinzaine d'individus dont elle a cité les noms. Ce qui a permis la mise en place d'un plan d'urgence, sachant que d'autres personnes pourraient être contaminées à leur tour», nous rapportait notre correspondant local dans l'édition d'hier. Dans la foulée de ce «plan d'urgence», on apprendra que tous les services ont été alertés pour retrouver les personnes en question afin d'éviter que d'autres soient contaminées. Manifestement, il arrive que les services hospitaliers communiquent sur un sujet qu'on pensait définitivement installé dans la pudeur – si ce n'est la honte – morale après avoir été arraché à son domaine naturel, la médecine, dont il constitue l'un des plus périlleux problèmes de santé publique. Voilà, on ne saura sans doute pas combien de séropositifs il y a dans la ville de Tlemcen et sa périphérie, puisqu'on ne sait pas combien il y en a en Algérie. Mais on sait maintenant qu'il y a au moins 15 porteurs potentiels, dans le meilleur des cas. Si les services mobilisés pour retrouver ceux qui ont eu une relation avec la jeune fille agissent rapidement et efficacement. Sinon, il y en aura plus mais certainement beaucoup moins que les séropositifs qu'on nous cache. Ceux qui n'ont pas fait l'objet d'une… recherche parce qu'une brave jeune fille a eu le courage de dire dans un hôpital qu'elle a partagé leur lit. D'autres jeunes filles qui n'ont pas fait de dépistage parce qu'elles préfèrent mourir du sida que de la «honte» à infliger à leurs familles. Celles qui croient que la pilule contraceptive les prémunit contre le VIH comme l'a révélé une étude auprès des étudiantes d'Alger. Les jeunes qui ne se protègent pas parce qu'ils sont incapables de demander des préservatifs dans une pharmacie. Tous les autres, hommes et femmes qu'on a convaincus que le sida n'est transmis que par les «noirs» africains dont il faut éviter jusqu'à la poignée de main. Ceux qui croient se protéger par l'abstinence et ceux qui pensent que le sida est une punition de Dieu pour les impies et qu'il suffit d'être d'une irréprochable piété pour l'éviter. Les mâles qui exigent le «dépistage prénuptial» de leurs fiancées sans s'y soumettre eux-mêmes… ça fait beaucoup de monde, à Tlemcen comme ailleurs, il suffit juste de chercher. Entre deux braves jeunes filles qui parlent de leurs relations dans un CHU, si possible. Par Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.