La majorité des établissements scolaires ont connu dans la journée d'hier une paralysie presque totale suite à la grève nationale d'une journée, initiée par trois syndicats du secteur, le CLA, le Cnapeste et le Snapap. Ce mouvement, en soutien aux enseignants contractuels grévistes, a été massivement suivi à en croire les représentants des syndicats. 90% est le chiffre avancé par le Snapap. «Tous les corps du secteur ont participé à cette grève, les enseignants, les travailleurs et même les administrations», a estimé Nabil Ferguenis, chargé de la communication au sein de cette organisation syndicale. Les lycées étaient les plus touchés par ce mouvement avec un taux de suivi de 95 % selon les estimations du porte-parole du CLA, Bachir Hakem. Qualifiant cette action de «réussite», Hakem n'exclut pas la possibilité de poursuivre la même démarche au cas où les pouvoirs publics ne bougent pas. Une idée qui sera, d'ailleurs, discutée ce samedi entre les trois syndicats initiateurs du mouvement, selon notre interlocuteur. Le Snapap, qui était solidaire depuis le premier jour de la «marche de la dignité», entamée le 27 mars à Béjaïa par les enseignants contractuels, a évoqué les sit-in observés le même jour dans plusieurs wilayas, dont celui devant le siège de la wilaya de Béjaïa. Le choix de tenir un sit-in devant le siège de la wilaya porte en lui une signification «politique», selon les organisateurs. «Nous avons choisi de nous adresser à la représentation locale du gouvernement pour dire que seules les plus hautes autorités peuvent dégager une solution à ce conflit qui perdure», a indiqué Ferguenis. Outre la titularisation de tous les contractuels, la précarité du travail a été l'autre préoccupation des initiateurs de ce mouvement. Les dernières déclarations de la ministre du secteur n'ont fait que creuser le fossé entre son département et les contestataires qui ont entamé, hier, leur huitième jour de grève de la faim. «Entre ses propos et la réalité, il y a tout un monde», s'insurge, Ferguenis. «La ministre aurait dû parler des 48 directeurs de l'éducation au lieu de parler de la manière par laquelle sont recrutés les contractuels», juge-t-il. Tout en appuyant : «De cette façon, elle (la ministre) a reconnu la corruption qui sévit dans le secteur.» Suivi massif à Alger Sur le terrain, les cours des établissements scolaires, généralement bondées vers midi, étaient vides, hier. C'est ce que nous avons constaté lors d'une virée à Alger où la grève a été fortement suivie. Des établissements au ralenti, alors que d'autres étaient carrément clos. C'est le cas du lycée El Idrisi, à la place du 1er-Mai, où enseignants, corps administratif et ouvriers professionnels étaient tous en arrêt de travail pour soutenir leurs collègues grévistes. «Notre participation à ce mouvement est un geste de solidarité avec nos collègues grévistes qui ne demandent que leur droit», a témoigné une enseignante d'histoire exerçant depuis une dizaine d'années dans cet établissement. Des propos relayés par une employée à l'administration du même lycée qui déplore la situation de ces éducateurs. A l'inverse et pas loin de cet établissement, le mouvement a moins d'ampleur à l'école primaire Aïssat-Idir et le collège Haroun-El-Rachid. Benghebrit multiplie les appels à la sagesse La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a reformulé hier son appel à la «sagesse» en direction des enseignants contractuels, les exhortant à réintégrer leurs postes et à prendre part au concours de recrutement qui se tiendra le 30 avril. «Aux enseignants contractuels contestataires, je lance un appel à la sagesse. Vous avez toutes les compétences et les chances de réussir à l'examen de recrutement»,a déclaré la ministre en marge d'un séminaire sur les mathématiques conjointement organisé avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Elle a rappelé dans ce sens que la Fonction publique en Algérie, comme dans tous les pays du monde, «exige de passer par un concours de recrutement, y compris pour les petites fonctions», précisant que «l'épreuve n'a pas été conçue spécialement pour eux ou pour une autre catégorie, mais obéit à la nécessité d'assurer l'égalité des chances à tous les futurs fonctionnaires».