Les marins pêcheurs de Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, ont décidé de fermer l'accès au port de la localité depuis jeudi dernier afin de réclamer la prise en charge de leurs revendications. Alors que les responsables du secteur de la pêche et des ressources halieutiques participent aux festivités de la Journée nationale des ports bleus organisée au niveau de la localité d'Azeffoun, les pêcheurs de Tigzirt observent un mouvement de protestation en procédant à la fermeture de l'accès au port afin de réclamer la prise en charge de leur plate- forme de revendications. Cette action de protestation qui a paralysé cette structure portuaire a été décidée suite à l'assemblée générale de l'Association des marins pêcheurs et de la pêche artisanale de Tigzirt (Amppat) tenue le 4 mai afin de débattre de l'état des lieux de l'activité de la pêche dans la localité et des actions à entreprendre. A l'issue des travaux de cette AG et après un long débat sur les actions à entreprendre, les participants ont décidé à l'unanimité d'observer une grève suivie de la fermeture de l'accès au port de la ville jusqu'à satisfaction de leur plate-forme de revendications contenant une dizaine de points, selon le procès-verbal de l'AG dont nous détenons une copie. Les marins pêcheurs exigent la réalisation d'un plan d'amarrage, l'ouverture d'un accès de service pour les pêcheurs, la construction de nouvelles cases-pêcheurs pour embarquement et débarquement, la mise en place d'un syndicat des gens de la mer, le règlement du problème de la facturation des cases-pêcheurs, la réalisation d'une station d'avitaillement, d'un foyer et d'un siège pour l'association des marins pêcheurs. Ces derniers, qui ont observé un sit-in samedi matin au niveau du port de Tigzirt, ont également insisté sur l'urgence de la réalisation d'une infirmerie avec un médecin, car selon eux, il est impossible d'exercer un métier à haut risque comme celui de marin pêcheur sans une infirmerie au niveau du port. L'autre revendication soulevée concerne la mise en place d'une table pour le nettoyage et la vente du poisson. «Nous exigeons que l'opération de vente du poisson se fasse par les pêcheurs eux-mêmes et nous allons ainsi éviter de passer par les spéculateurs qui pullulent dans ce secteur avec comme conséquence la hausse des prix qui a atteint un pic inimaginable», lance un marin pêcheur. Les protestataires qui se disent décidés à maintenir leur mouvement jusqu'à satisfaction de leurs revendications n'y ont pas été avec le dos de la cuillère envers les différents organismes chargés du secteur de la pêche, notamment le premier responsable de l'Entreprise de gestion des ports de pêche et de plaisance (EGPP) pour promesses non tenues, selon eux. «Cela fait des années que nous réclamons une prise en charge par les responsables chargés de la gestion de cette infrastructure qui font toujours la sourde oreille. On ne peut plus continuer à travailler dans des conditions pareilles. Comment voulez-vous encourager les jeunes à investir dans le secteur de la pêche et participer à l'essor de ce secteur stratégique dans notre pays si les responsables n'écoutent pas nos doléances ?» interroge un autre marin pêcheur. Le port de Tigzirt, censé être un véritable levier de développement économique pour toute cette partie de la Kabylie maritime, n'est en fait qu'une sorte de désillusion. Le boom tant espéré n'a pas eu lieu. Cette infrastructure portuaire a beaucoup plus été utilisée comme lieu de loisirs que comme port de pêche. Sa beauté contraste avec son rôle de pôle économique destiné à sortir la région de son marasme. Rien de tout cela. Les sardiniers, les chalutiers et autres préfèrent larguer l'ancre ailleurs qu'au port de Tigzirt où la pêche se pratique de manière artisanale et où la population continue de tourner le dos à la mer. Des prix qui donnent le tournis Les prix des produits de la mer ont atteint un seuil qui donne le tournis. Au marché à poisson de la ville des Genêts, cette «escroquerie» est étalée à la criée, au grand étonnement des potentiels acheteurs. Vendredi dernier, la sardine bleue a été proposée à 800 DA le kilogramme, alors que la sardine blanche, appelée communément saourelle, que l'on offrait jadis gracieusement, était à 450 DA. La sardine qui était autrefois le plat du pauvre est aujourd'hui un luxe. Rares sont ceux qui la mettent dans leurs assiettes. Pis encore, certains poissonniers tiennent toujours leurs étals jusqu'à 14 h. Jadis, on interdisait la vente de la sardine après 10 h. Le poisson est tout simplement inaccessible. La dorade dont la chair n'est pas très estimée et dont le prix ne dépassait guère les 600 DA il y a quelques mois a atteint les 1400 DA le kilogramme. Idem pour les autres types de poisson, dont le maquereau par exemple, dont le prix a atteint les 700 DA le kilo et l'espadon qui frise les 2500 DA.