Un hommage très émouvant et bien mérité a été rendu avant-hier à la grande actrice et comédienne Chafia Boudraâ, de son vrai nom Atika Latrèche, par le théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou. La cérémonie s'est déroulée en présence des autorités locales, à leur tête le wali, Brahim Merad, le président de l'Assemblée populaire de wilaya, Mohamed Klalèche, et la directrice locale de la culture, Nabila Goumeziane. Des artistes tels que Hacène Ben-Zirari, Mohamed Adjaïmi, Amel Himer, Meziane Yala et Ahmed Ghebouba ont tenu à assister à cet évènement pour apporter leurs témoignages sur la carrière artistique emblématique de cette grande dame du cinéma algérien. Connue par tous les Algériens sous le nom de «Lla Aïni» suite à son interprétation dans le film «El-Hariq» (L'incendie), adapté de l'œuvre de Mohamed Dib, ou encore Dar Sbitar du réalisateur Mustapha Badie, Chafia Boudrâ restera une figure incontournable du cinéma algérien. L'actrice honorée a tenu à remercier les autorités locales pour cet hommage qui l'a «rajeunie de 20 ans». «Je suis très émue et très chanceuse d'avoir une telle distinction. Je suis très honorée d'être parmi vous ici dans cette wilaya révolutionnaire qui a enfanté des hommes et des femmes qui ont sacrifié leur vie pour l'indépendance de l'Algérie», a-t-elle déclaré en souriant. «Les organisateurs de cet hommage m'ont réservé un accueil très chaleureux. Ce matin (dimanche matin Ndlr), le wali m'a donné la chance de déposer une gerbe de fleurs au Carré des martyrs de M'Douha à la mémoire des martyrs des massacres sanglants du 8 Mai 1945. C'est le plus beau cadeau que vous pouviez me faire ; je suis émue», a-t-elle dit. De son côté, la directrice locale de la culture, Nabila Goumeziane, a affirmé que le théâtre régional Kateb-Yacine a décidé d'honorer cette artiste très talentueuse pour l'amour qu'elle porte à sa patrie et pour son parcours extraordinaire qu'elle porte au plus haut, notamment avec son interprétation de plusieurs œuvres cinématographiques. «C'est l'une des doyennes des comédiennes et l'une des plus talentueuses de l'Algérie. C'est la mère de tous les Algériens», a-telle déclaré. Elle a tenu à préciser que le choix de cette date du 8 Mai pour cet hommage n'est nullement fortuit, mais parce que cette femme est une moudjahida et veuve du commandant Salah Boudraâ, tombé au champ d'honneur en 1961. «C'est une grande moudjahida qui a permis à plusieurs générations d'algériens de connaître le 7e art et l'histoire de la guerre de Libération nationale à travers ses interprétations magistrales dans plusieurs longs métrages où on ressent la douleur de nos aïeux durant cette triste période. Un parcours exemplaire De son côté, le comédien Mohamed Adjaïmi a témoigné du parcours exemplaire de Chafia Boudraâ qu'il a qualifiée «de femme formidable (...) Ce genre d'artistes est très rare de nos jours. Elle est connue pour son professionnalisme, sa modestie et son humour. Je souhaite une longue vie pour notre idole». Amel Himer a tenu à la remercier d'avoir représenté l'Algérie non seulement à travers le pays mais sur la scène internationale : «Cette grande dame a gravi les marches du 63e Festival international de Cannes en 2010 avec son interprétation dans le film «Hors la loi» du réalisateur Rachid Bouchareb. C'est un grand honneur pour l'Algérie et pour la promotion de la culture algérienne», a-t-elle dit sous les applaudissements de l'assistance et les youyous des femmes. A préciser que Chafia Boudraâ est née le 22 avril 1930 à Constantine. Elle est passée par le théâtre radiophonique avant de rejoindre le TNA au moment où il était dirigé par Mustapha Kateb. Elle a joué dans plusieurs pièces dont Le cercle de craie caucasien de Brecht (mise en scène de Hadj Omar) qui a obtenu le prix du festival du théâtre arabe en 1968 à Damas (Syrie). Elle a également joué dans plusieurs films, dont Une femme à mon fils, Thé à la menthe et Le cri des hommes.