Les médecins praticiens de la santé publique ne reculent devant rien. Engagés dans un bras de fer avec le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, les blouses blanches ont organisé, hier, un rassemblement à l'intérieur du CHU Mustapha-Pacha d'Alger pour réclamer la prise en charge de leurs revendications et demander la reprise du dialogue. Des centaines de médecins venus de différentes wilayas du pays ont participé à cette action suite à une journée de grève nationale qui a connu un large suivi, selon les grévistes. Et comme il fallait s'y attendre, les «entraves à l'action syndicale», pour reprendre les propos du Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), étaient au rendez-vous. A l'endroit où se tiennent habituellement les sit-in, deux camions de don de sang sont stationnés. «C'est une autre manœuvre du directeur de l'hôpital pour nous empêcher de protester pacifiquement», dénonce notre interlocuteur, rappelant «le comportement voyou» du même responsable lors du rassemblement du 4 mai. La détermination des médecins à faire entendre leur voix était plus forte, puisqu'ils ne cessaient de crier des slogans hostiles au ministre de tutelle, l'accusant de «mauvaise gestion», de «fuite en avant» et d'avoir «engendré la maladie» dans le secteur. «Y en a marre M. Boudiaf », «La santé paralysée, Boudiaf hypnotisé», ou encore «M. le ministre, des perturbateurs dans ton département», scandaient les participants au rassemblement qui brandissaient des pancartes aux slogans toujours critiques au ministère. «Tenez vos engagements M. le ministre», «Notre dignité avant tout», «Non au terrorisme administratif», «Halte à la répression» et «Non à la fermeture des portes du dialogue», pouvait-on lire, entre autres. Tout en rappelant les revendications du syndicat, dont «le respect des engagements pris par le MSPRH, dans le cadre du PV de conciliation du 4 mai 2015 et l'audience du 24 février 2016, l'assainissement de la situation financière induite par l'organisation du concours de passage aux grades de principal et en chef avec date d'effet au 11 août 2015, la révision du statut particulier et la lutte contre la violence en milieu hospitalier», Lyès Merabet regrette «le double discours» de Boudiaf. Dialogue de sourds «Comment déclarer une grève illégale du moment que nous avons été invités à une réunion de conciliation selon la loi régissant la relation de travail en cas de conflit ?», s'interroge Dr Merabet. Ce dernier ne ménagera pas, par ailleurs, des responsables au sein du ministère, «le conseiller du ministre, chargé des relations avec les syndicats et la présidente de la commission mixte entre autres, lesquels bloquent l'avancement dans le règlement des dossiers en suspens», fustige-t-il. Déterminés, les blouses blanches ne comptent pas faire marche arrière, puisqu'ils prévoient d'ores et déjà une autre journée de grève pour le 23 mai prochain, ponctuée d'un sit-in devant le siège du ministère. Quoi qu'il en soit, le conflit est bien parti pour durer, puisqu'au moment où les médecins praticiens insistent sur la satisfaction de leurs revendications, le ministère menace d'appliquer la loi sur les grévistes. «Nous n'avons pas fermé les portes du dialogue et le ministère se réserve le droit de recourir à l'application de la loi pour sanctionner les grévistes, d'autant que leur débrayage est illégal», a déclaré, hier, Belhadj Benchrik, directeur des ressources humaines du département d'Abdelamek Boudiaf.