Le FMI a tiré la sonnette d'alarme dans son dernier rapport sur l'économie algérienne. Il a confirmé que les perspectives économiques se sont dégradées depuis la mission d'évaluation menée en 2014. En effet, l'Institution de Bretton Woods a alerté sur les conséquences de la chute des cours du pétrole en soulignant l'urgence de la refonte du modèle de croissance. Tout en relevant que «le choc des cours du pétrole n'a eu qu'un effet limité sur la croissance économique», le FMI estime, toutefois, que «les soldes budgétaire et extérieur se sont considérablement détériorés». Selon les données du Fonds monétaire international, le déficit budgétaire a doublé en s'établissant à 16 % du PIB sous l'effet de la baisse des recettes d'hydrocarbures. La diminution de près de moitié des exportations d'hydrocarbures a entraîné une forte augmentation du déficit extérieur courant, précise-t-il. Quant aux réserves de change, elles restent élevées, d'après le rapport, mais ont diminué de 35 milliards de dollars pour s'établir à 143 milliards de dollars en 2015. S'agissant du niveau de dette extérieure, il demeure très bas, souligne également le rapport. A l'exception de ces quelques indicateurs positifs, les administrateurs du FMI ont établi, cependant, une évaluation critique de la situation économique. L'Institution des finances internationale a relevé que l'économie algérienne est confrontée à «un choc extérieur de grande ampleur» et «probablement durable». L'effondrement des cours du pétrole enregistré depuis juillet 2014 a mis au jour des vulnérabilités présentes de longue date dans une économie. Une économie dirigée par l'Etat et excessivement tributaire des hydrocarbures, tient à rappeler le FMI. Tout en reconnaissant que le choc des cours n'a eu qu'un effet limité sur la croissance économique, le rapport met en garde quant à l'état actuel des finances publiques. Un répit provisoire Le FMI n'écarte pas dans ce contexte le recours à l'endettement extérieur. «La diminution rapide de l'épargne budgétaire signifie que l'Algérie devra emprunter davantage pour financer les déficits futurs. Outre le recours accru à l'émission de titres d'emprunt nationaux, les autorités devraient aussi envisager d'emprunter à l'extérieur et d'ouvrir, dans la transparence, le capital de certaines entreprises publiques à des acteurs privés», a-t-il appuyé. Sur le plan économique, il y a nécessité, selon le FMI, de procéder à des réformes structurelles de «grande envergure» pour soutenir l'activité économique. Parmi les réformes recommandées par l'Institution, on peut citer celles de l'amélioration du climat des affaires, l'ouverture de l'économie aux échanges internationaux et à l'investissement étranger, l'amélioration de l'accès au financement et le développement des marchés de capitaux ainsi que le renforcement de la gouvernance, la concurrence et la transparence. Le FMI a insisté aussi sur «une plus grande souplesse au marché du travail». Le système de licence d'importation mis en place par le gouvernement pour diminuer la facture demeure une solution provisoire. «Les restrictions aux importations apportent peut-être un répit provisoire, mais elles créent des distorsions et ne sauraient se substituer aux réformes destinées à doper les exportations», a-t-il expliqué. Des réformes structurelles qu'il convient de les engager sans tarder, mentionne-t-il. Dans le domaine des finances et de gestion budgétaire, le FMI a émis des réserves. Il est question, d'après ce rapport, d'accélérer l'assainissement budgétaire, de rétablir la viabilité des finances publiques, ainsi que d'assurer l'équité entre générations et promouvoir la stabilité extérieure. Pour cela, il préconise la maîtrise des dépenses courantes, la réforme de la politique des subventions, l'efficacité des investissements publics et le renforcement du cadre budgétaire. Le FMI a préconisé de renforcer le cadre prudentiel, notamment en étoffant le rôle de la politique macroprudentielle et en améliorant les préparatifs d'urgence des banques et leurs capacités de gestion des situations de crise.