Une opération coup-de-poing qui n'est pas la première a été organisée hier par l'Office national des droits d'auteur (Onda) pour dissuader les pirates en détruisant deux millions de CD contrefaits. Afin de montrer l'importance de cette opération, le directeur de l'Onda a invité le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à assister en personne à la destruction de ce nombre important de CD piratés. Une rencontre à laquelle étaient conviés des artistes de renom, à l'image des chanteurs Idir, Aït Menguellet, Rabah Driassa, Cheb Khaled, Takfarinas, Jura du groupe Djurdjura... Sellal a affirmé à cette occasion que le gouvernement est «fermement déterminé à protéger les droits d'auteur et à préserver le patrimoine culturel national», conformément à l'esprit de la Constitution algérienne qui a réaffirmé le droit à la culture et la liberté de création intellectuelle, artistique et scientifique. Il faut noter qu'en marge de cette opération qui s'est tenue au palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger, le Premier ministre a présidé un forum international sur la propriété culturelle. «La protection de la propriété culturelle, qu'elle soit intellectuelle, artistique ou scientifique, est une condition fondamentale pour l'émergence d'un environnement propice à la préservation des droits de créateurs, des investisseurs et de tous les hommes et femmes de culture», a déclaré devant l'assistance M. Sellal. «C'est le moyen d'aller vers une économie de savoir et de culture intégrée et durable», a-t-il précisé. Bien que le piratage ait fait son apparition en Algérie avec l'apparition de l'enregistrement sur cassette qui avait tué, dès le milieu des années 1980, les disques à microsillon, le phénomène du piratage s'est amplement accentué avec l'arrivée en force des techniques numériques, notamment Youtube. Ce dernier site a permis à des millions d'Algériens d'enregistrer les chansons et films algériens et étrangers alors qu'en parallèle, les artistes et les éditeurs sont pénalisés car se retrouvant sans les bénéfices attendus. Certains jeunes Algériens très doués en informatique et en piratage (faisant semblant d'oublier que c'est interdit) sont arrivés à enregistrer et à mettre sur le marché parallèle des films tournés aux USA alors qu'ils n'étaient qu'à leur première semaine de diffusion. Les diverses campagnes lancées par l'Onda ces dernières années n'ont eu que quelques résultats puisque le phénomène continue. Il est surtout regrettable que des chaînes de télévision aient relayé les petits pirates individuels en diffusant des chansons et des films sans informer l'Onda alors que la loi est claire à ce sujet. On sait bien que l'Onda a les moyens juridiques pour contrecarrer les pirates mais a-t-elle les moyens techniques pour mettre fin au piratage. Le forum a été organisé en présence de plusieurs ministres, cadres supérieurs de l'Etat, ambassadeurs et représentants d'instances internationales en charge des droits d'auteur. «Si ces supports contrefaits que nous détruisons aujourd'hui avaient été vendus, leur prix de vente aurait été dérisoire par rapport au génie et à l'effort du créateur de l'œuvre et ne correspondraient pas à l'apport du producteur qui l'a soutenu», a indique Sellal. Il est rappelé que beaucoup de chanteurs algériens ont décidé de ne plus enregistrer de chansons à cause de ce phénomène qui les prive de leurs droits. Le temps est venu pour mettre définitivement fin au piratage.