«Les résultats du bac de cette année ne devraient jamais être annoncés, tant que les responsables du scandale des fuites ne sont pas punis», estime Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste. Le 5 juin 2016, Abdelmalek Sellal s'exprime sur le scandale des fuites massives des sujets du baccalauréat. La justice sera «intransigeante» envers toutes les personnes impliquées, avait déclaré le Premier ministre. Plus d'un mois après, les résultats et le taux de réussite officiels sont connus, mais l'opinion publique ne sait toujours pas qui est derrière ce qui a été qualifié de «complot», et d'«entreprise criminelle». Plus que ça, les sanctions ne sont toujours pas prononcées bien que plusieurs personnes soient arrêtées. Avec un taux de réussite de 49,79%, annoncé hier par la ministre de l'Education nationale, le bac 2016 continue d'accumuler les échecs. Bien que le chiffre reflète bien le vrai niveau des élèves de terminale, loin des annonces populistes et chiffres politisés il y a quelques années, il n'en demeure pas moins que le contexte dans lequel est intervenue l'annonce des résultats, diminue du peu de crédibilité qui reste à cet examen. Chez certains syndicats, il n'y a même pas de volonté politique à sauvegarder cette crédibilité. «On ne veut toujours pas redonner à l'épreuve du baccalauréat toute sa crédibilité», fustige Messaoud Boudiba, chargé à la communication au sein du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste). Joint par nos soins, il estime que «les résultats du bac de cette année ne devraient jamais être annoncés, tant que les responsables du scandale des fuites ne sont pas punis». Il ira encore loin en ajoutant que «même la session partielle ne devrait pas avoir lieu avant que toutes les conclusions de l'enquête ne soient rendues publiques et les sanctions prononcées». C'est dire qu'«il y a eu une certaine indifférence dans le traitement réservé au bac 2016 qui reste un point noire dans l'histoire du secteur», conclut notre interlocuteur. Le Cnapeste, rappelle M. Boudiba, «avait critiqué les décisions prises dans l'urgence», et ce résultat de 49,79% n'en est que l'une des conséquences, selon lui. «Nous estimons que beaucoup d'élèves ont été victimes à cause du choc psychologique», soutient-il. Dans tous les cas, il faut reconnaître que tant que la justice n'a pas puni les responsables de la «honte» du bac 2016, l'annonce des résultats n'aura pas effacé des mémoires des Algériens l'image d'une épreuve banalisée. C'est la réalité, puisqu'on est toujours au stade du soupçon et de l'accusation. Quatre employés du centre d'impression de Kouba, de l'Office national des examens et concours (Onec), soupçonnés d'être impliqués dans la fuite des sujets, avaient été arrêtés et placés sous mandat de dépôt, début juin dernier. Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed, Khaled El Bey, avait alors annoncé «l'ouverture d'une information judiciaire contre eux pour abus de fonction, violation de secrets et complicité». Hélas, voilà plus d'un mois après, les mis en cause n'ont été ni jugés ni condamnés. On ne sait toujours pas avec certitude si oui ou non Nouria Benghebrit était la cible d'une machination et qui était la ou les têtes pensantes du complot. La logique aurait fait que l'annonce du taux de réussite au bac 2016 soit un baisser de rideau. Ce n'est malheureusement pas le cas, puisque des questions demeurent toujours posées. Mais, en fin de compte les enquêtes en Algérie ne sont jamais menées à terme…