A première vue, le cliché des files interminables de camions et autres engins en attente pour décharger des tonnes de tomates destinées à la transformation à Guelma donne l'impression qu'un problème d'écoulement de production persiste, mais pour beaucoup ces files sont la preuve «irréfutable» de la réussite d'un programme de développement de la filière tomate industrielle. Ce cortège de camions et de véhicules utilitaires qui revient, depuis quelques années, à chaque campagne de récolte de tomate est devenu familier pour les Guelmis dans toutes les communes de la wilaya. Ces derniers vivent de juillet à fin août, période de la campagne de récolte de la tomate, au rythme de ce légume-fruit, largement répandu dans la gastronomie à travers de nombreux pays. Le visiteur de cette wilaya, qu'il y accède par la commune de Héliopolis par la RN 21, reliant Guelma à Annaba, ou depuis les communes de Bouati Mahmoud ou El Fedjoudj sur la RN 80 entre Guelma et Skikda, sera sans doute interpellé par ces files de camions sur cinq kilomètres qui attendent depuis des heures, voire des jours leur tour pour décharger les quantités de tomates dans les unités de transformations. Pour le président de la Chambre d'agriculture de la wilaya, Amar Lahdidi, le cortège ininterrompu des engins transportant ce légume vers les unités de transformation constitue une preuve évidente quant à la disponibilité de la tomate industrielle et les records réalisés dans ce sens. Cette filière constitue aujourd'hui le «maillon fort» des agriculteurs de la wilaya qui ont réussi leur intégration dans le programme nationale de développement de la filière initiée ces dernières années par les pouvoirs publics, a certifié le responsable à l'APS, faisant part des facilitations multiformes (financière, administratives, et techniques) assurées par l'Etat. La surface des terres agricoles destinée à la production de la tomate est en constante extension, a encore ajouté le même responsable, précisant que les terres destinées à cette filière s'étendent actuellement sur plus de 4500 hectares à Guelma avec une prévision de production dépassant les trois millions de quintaux. La production de la tomate industrielle à Guelma, concentrée, dans un premier temps, dans les communes situées aux alentours des périmètres irrigués à l'instar du chef-lieu de willaya et les communes de Belkheir, de Boumahra-Ahmed, de Djebala Khemissi, de Beni Mezline, de Boucheggouf et d'El Fedjoudj s'est élargie pour toucher également les régions de Medjez Amara, Houari Boumediène Hamam Debagh notamment. Le succès réalisé localement par la filière de la tomate industrielle n'était pas le «fait du hasard», mais le résultat d'une stratégie de développement «intégrée et étudiée», basée sur le principe du partenariat gagnant-gagnant entre l'agriculteur et l'usine de transformation engagée depuis 2006, s'accordent à dire agriculteurs et industriels. Le directeur de l'unité de transformation de la tomate du groupe Amor Benamor, dans la commune d'El Fedjoudj, Adel Seddiki, estime que le flux des camions transportant la tomate destinée à la transformation et les embouteillages enregistrés tout au long de l'itinéraire qu'empruntent ces engins reflètent surtout le «dynamisme» que vit la wilaya en matière de développement de ce domaine. Les capacités de production de tomate industrielle du groupe Benamor sont passées de 400 tonnes par jour en 2006 à 9000 tonnes/jour actuellement, assurées par l'unité-mère située dans la commune de Bouati-Mahmoud et les deux autres entreprises à El Fedjoudj et Boumaïza, dans la wilaya de Skikda, a souligné M. Seddiki, précisant que le rythme de travail retenu durant la période de récolte de la tomate est de l'ordre de 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les prévisions de transformation des tomate tracées, au titre de l'actuelle saison, par le même groupe tablent sur 300 000 tonnes, contre 230 000 tonnes enregistrés l'année précédente, a-t-on souligné.