En dépit de ses difficultés financières, Sonelgaz annonce des projets d'investissement de l'ordre de 210 milliards de dinars, soit 3 milliards de dollars au cours de l'année 2009. Un volume d'investissement important qui la positionnera ainsi parmi les meilleures entreprises nationales. Selon Noureddine Bouterfa, PDG de l'entreprise, 125 milliards DA seront consacrés à la production et au transport de l'électricité, soit une hausse de 23% par rapport à 2008.Alors comment le groupe compte-t-il opérer pour atteindre ses objectifs, malgré le déficit financier qu'il connaît depuis sa restructuration qui l'a transformée en un holding de 33 sociétés ? Sonelgaz doit faire face, en effet, à des investissements colossaux, notamment dans le développement des moyens de transport et à satisfaire la demande en constante croissance. Elle doit donc, au préalable, s'équiper d'un nouveau matériel, alors que les ressources internes ne lui permettent pas de faire face à ces investissements. Il faut savoir que le groupe consacre un budget important à la production qui doit être à hauteur des besoins futurs, dans un contexte où malheureusement le secteur privé n'investit pas. Sonelgaz va investir à cet effet près de 3000 milliards DA, soit bien plus que les besoins du marché, et ce, en prévision des incidents qui peuvent mettre hors service une de ses centrales. De même que la production ne doit pas manquer, dans le cas où pour des impératifs de maintenance, une centrale venait à s'arrêter. Un autre investissement tout aussi onéreux et nécessaire exige des sommes importantes. Il s'agit du transport d'énergie de très haute tension. Ces lignes, très coûteuses, doivent être capables de véhiculer l'énergie, y compris vers le grand sud et même d'assurer l'interconnexion aux frontières avec les pays voisins. Car l'Algérie fournit de l'énergie en cas de besoin aux pays voisins, dans le cadre d'un accord maghrébin. Ces lignes doivent, également, assurer, sur le plan national, l'interconnexion de toutes les centrales dites points de production, qui entrent en réseau grâce à ces lignes. Ce plan de fonctionnement est stratégique, car permettant à certaines centrales d'en compenser d'autres en fournissant l'énergie et assurer l'équilibre, au cas où celles-ci tomberaient en panne pour des raisons notamment relatives à l'entretien. Outre ces activités, d'autres dépenses sont indispensables, comme la distribution de l'énergie et la remise en état du réseau, dont les lignes électriques en cuivre font l'objet de vol à des fins d'exportation frauduleuse. Il y a lieu de rappeler que le niveau d'investissements a atteint l'année dernière plus de 205 milliards DA, dont 56 milliards ont été engagés pour consolider le réseau de transport de l'électricité et 67,7 autres milliards destinés au parc de production.
Comment réduire le déficit ? Le déficit financier de Sonelgaz est, par ailleurs, aggravé par le problème des créances qui s'élèvent à 40,5 milliards DA (25% auprès des particuliers, 25% auprès des PME-PMI et 22% auprès de l'administration) et à la dette extérieure de l'ordre de 4 milliards DA, sans omettre les pertes de change au cours des transactions d'importation et celles engendrées par les fraudeurs. Dans le but de faire face aux lourds investissements futurs du groupe et répondre à la demande croissante des clients en matière d'énergie, le groupe Sonelgaz recourt souvent à la revendication de l'augmentation des tarifs de l'électricité ou encore des subventions de l'Etat. D'ailleurs, Sonelgaz compte introduire incessamment une nouvelle demande d'augmentation des prix de l'électricité à la commission de régulation (Creg). Alors, qui doit financer les importants investissements obligatoires de Sonelgaz, le client ou l'Etat ?