Alors que son initiative de construction du consensus national est arrivée à une véritable impasse, le FFS persiste, signe et se complique la tâche. Finie la période où, dans leurs discours, ses responsables prônaient la prudence à l'égard du pouvoir et de l'opposition structurée autour de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Isco). Hier à l'hôtel El Riadh d'Alger, à l'occasion d'une rencontre intitulée «Conférence nationale économique et sociale», le FFS a franchi un nouveau pas dans la complication de sa tâche. «Ce consensus national, nous allons le construire avec, contre ou sans les forces qui s'opposent à lui», a lancé le premier secrétaire du parti, Abdelmalek Bouchafa, lors de son allocution d'ouverture des travaux de la rencontre. «Nous sommes persuadés que le consensus national est inévitable», a-t-il insisté, soutenant que «les préférences du peuple se penchent vers le consensus national». «Nous construisons ce consensus national, si Dieu le veut, grâce au peuple, avec le peuple et pour le peuple», a-t-il ajouté. Qui s'oppose alors au projet du FFS pour qu'il soit construit sans et contre lui ? Si on peut faire l'impasse sur l'Icso, qu'en est-il alors du pouvoir qui rejette le projet ? Le FFS peut-il réussir son initiative contre le pouvoir ? Impensable. Même l'Icso peut dire la même chose que le FFS. Elle peut affirmer que la transition démocratique sera réalisée sans et contre ceux qui s'y opposent. Cela prêtera alors à rire. Aucune démarche n'aboutira et le pouvoir continuera à imposer ces choix, surtout que les capacités de résistance de l'opposition sont presque nulles. Aussi, au milieu du peuple émerge une tendance de salafistes qui n'est prête à suivre aucun parti politique. Son credo : «L'obéissance aux gouvernants dans toutes les conditions et en toutes circonstances.» En tout cas, le premier secrétaire du FFS a affirmé : «Nous continuerons à chercher les voies et moyens qui nous permettront de construire un consensus national, malgré toutes les résistances et les entraves que nous avons rencontrées». «Comme pour le volet politique, nous poursuivrons le travail pour construire un projet économique et social consensuel», a-t-il souligné. Evoquant la situation politique, économique et sociale du pays, l'orateur incombe la responsabilité de la crise au système politique en place. Il décrit une conjoncture marquée par l'aggravation de la crise structurelle et multidimensionnelle que vit le pays, surtout après la chute drastique et durable des prix du pétrole. «Cette situation a démasqué un système de gouvernance paralysé, sans vision économique pour l'avenir et sans feuille de route claire», a-t-il indiqué. «Cette crise est le résultat de la gestion unilatérale et autoritaire des affaires du pays. C'est une preuve irréfutable de l'échec des politiques menées par le système en place et des réformes engagées par les gouvernements qui se sont succédés sur la gestion des affaires du pays depuis l'Indépendance à ce jour», ajoutera-t-il. Pour lui, la situation politique est caractérisée par des campagnes de désinformation méthodiques destinées à «détourner l'attention de l'opinion publique des priorités qu'il faut étudier et qui doivent faire l'objet de consensus entre les différents acteurs politiques, économiques et sociaux». Abdelmalek Bouchafa déplore le fait que malgré la situation dangereuse, «le pouvoir persiste dans son entêtement et la politique de la fuite en avant à travers de pseudo-réformes». Pour le FFS, la crise est une crise politique et appelle une solution politique.