Finalement, les grands rivaux au sein de l'Opep ont trouvé un terrain d'entente. L'accord annoncé à l'issue de la réunion informelle tenue à Alger, a surpris plus d'un. Mais, faut-il pour autant se réjouir et espérer une reprise durable des cours de l'or noir ? La décision prise par les pays membres de l'organisation, mercredi soir, était, en effet, inattendue, d'autant plus que la veille des experts et des observateurs de la scène énergétique prédisaient un «échec». Et pour cause, les déclarations faites par le ministre iranien, en marge des travaux du 15e Forum international de l'énergie, sur l'impossibilité de prendre une décision lors de cette réunion informelle. «L'Iran préférerait que la réunion de mercredi se limite à des concertations entre les pays membres de l'Opep sur la production de l'organisation et que la décision finale soit adoptée lors de la rencontre de Vienne en novembre prochain», avait affirmé, Bijan Namdar Zanganeh, dans une déclaration à la presse peu avant le début de la conférence du 15e Forum international de l'énergie. Le ministre iranien avait ajouté que son pays aspirait à produire 4 millions de barils/jour à court terme pour retrouver le niveau de production antérieur aux sanctions et reprendre, ainsi, sa part de marché. Ces déclarations ont vite provoqué le doute et le scepticisme quant à l'issue favorable de ce conclave. Mais, la déclaration du ministre saoudien, Khaled Al-Faleh, faite quelques heures avant la réunion décisive de l'Opep, que son pays était prêt à soutenir toute position qui aiderait à rééquilibrer le marché pétrolier, a redonné espoir. C'est dans ce contexte particulier que s'est tenue donc cette réunion informelle, transformée en un sommet extraordinaire. Les négociations ont été intenses, au point où la réunion a duré près de six heures sans interruption. C'est vers 21h30 que les travaux ont été finalisés et la décision finale a été annoncée lors d'une conférence de presse animée conjointement par le président de cette organisation, le ministre qatari Mohamed Bin Saleh al-Sadda, le ministre algérien de l'Energie, Noureddine Boutarfa, et le secrétaire général de l'Opep, Mohamed Sanusi Barkindo. Cet accord inespéré de réduction de l'offre signé par les pays de l'Opep prévoit une production oscillant entre 32,5 mbj et 33 mbj contre un niveau de 33,24 millions actuellement. «Grâce à une excellente concertation et compréhension entre les membres de l'Opep, nous sommes parvenus (...) à cibler une réduction à un niveau allant entre 32,5 millions de barils par jour (mbj) et 33 mbj et nous nous sommes mis d'accord de mettre en place un comité technique pour étudier les mécanismes de partage des quotas entre les membres de l'organisation», a annoncé le ministre qatari du Pétrole. Quant à la date de mise en œuvre de cet accord, elle sera fixée, selon lui, lors de la prochaine réunion ordinaire de l'Opep prévue le 30 novembre à Vienne. Les pays membres de l'Opep ont aussi accepté que les cas de l'Iran, du Nigeria et de la Libye soient traités «de façon spéciale», a-t-il soutenu. Et d'ajouter : «Nous avons également demandé aux principaux pays de l'Opep de coordonner leurs efforts afin d'accélérer ce processus d'équilibrage (du marché) avec la participation d'autres pays producteurs, en dehors de l'organisation, et qui ont montré leur volonté de coopérer pour stabiliser le marché». S'agissant de la date d'entrée en vigueur de cet accord, elle sera fixée par le comité technique. Consensus salutaire Pour Nourredine Boutarfa, cette décision «historique» a été le résultat d'un «consensus entre l'ensemble des membres de l'Opep». L'Algérie, qui a joué un rôle important dans la conclusion de cet accord, a réussi à rapprocher les positions des pays membres, notamment celles défendues par l'Arabie saoudite et l'Iran. L'Arabie saoudite, qui exigeait, il y a quelques mois, la réduction du quota de production iranienne, a finalement accepté d'adhérer à cet accord, consciente qu'un geste de l'ensemble des membres pourrait installer une dynamique positive pour les prix, au grand bénéfice pour sa propre économie. L'Algérie a dû convaincre également l'Iran de faire pareil, ne serait-ce que par une baisse symbolique de 100 000 barils/jour. Il n'en demeure pas moins que le consensus qui a prévalu lors de cette réunion d'Alger n'est que le début d'un processus de stabilisation du marché pétrolier. Il faudrait, désormais, penser à la prochaine phase, à savoir celle de la mise en place des nouveaux quotas de production fixés. La réunion prévue fin novembre à Vienne sera donc décisive. Déjà, les spéculations vont bon train sur la remontée des cours à 60 dollars, voire plus.