Une guerre d'influence oppose les «islamistes» et autres forces politiques tunisiennes autour de l'élection au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), d'après des médias tunisiens. «Après avoir occupé l'Ordre des avocats, nos islamistes locaux, via Noureddine Bhiri, ancien ministre de la Justice, viennent de rempiler avec le CSM, y plaçant quelques fidèles amis, et éventuellement le futur président», écrit le journal tunisien Kapitalis. «Ahmed Rahmouni, président de l'Observatoire de l'indépendance de la justice (Otij), scandalisé, y a fait allusion. Un autre magistrat, Kalthoum Kennou, candidate qui a perdu et non moins désemparée, a livré des détails sur le modus operandi. Le coup a été prémédité à la faveur de la nuit tombée», dit-elle, citée par le journal tunisien. Le Syndicat des magistrats tunisiens (SMT) aurait déjà exposé ses réserves auprès du ministre de la Justice et l'Association des magistrats tunisiens (AMT) s'orienterait vers la même démarche. «No comment» du gouvernement. Et du parlement . «Pourtant, à en croire nos médias, il semblerait qu'au sortir des urnes, la liesse soit générale. Il serait malvenu de jouer au trouble-fête. En tout état de cause, la vague serait trop haute pour votre serviteur. Il semblerait que les Nahdhaouis soient en position de monnayer leur soutien au projet de loi des finances 2017 au prix fort», écrit le journal tunisien. «Les partisans d'Ennahda estiment avoir définitivement assuré leurs arrières. Et Rached Ghannouchi, leur gourou de président, pourra impunément continuer, n'en déplaise aux Tunisiens, à absoudre ses extrémistes». «C'est un grand pas pour la démocratie tunisienne. Le seul pays rescapé des printemps arabes a élu dimanche 23 octobre son Conseil supérieur de la magistrature. Inscrit dans la toute jeune Constitution tunisienne de 2014, il doit réguler et encadrer le travail des tribunaux. En Tunisie, cette élection est saluée comme une étape décisive pour l'indépendance de la justice», d'après Radio France Internationale. Pendant la dictature de Ben Ali, le président ou le gouvernement pouvaient sanctionner directement les juges. «Il y a eu pendant longtemps une pression sur les magistrats par le biais d'un renvoi dans une autre circonscription ou région ou par le biais de procès également», explique à Radio France Internationale Amna Guellali, directrice du bureau Tunisie de l'ONG Human Rights Watch. Désormais, rien de tout cela ne sera plus possible. Faouzi Djaballah, avocat et conseiller du ministre de la Justice de 2012 à 2013, en est convaincu. «Pour la première fois, le pouvoir exécutif n'a aucune influence sur les membres du Conseil supérieur de la magistrature. Maintenant, on peut clairement parler d'un pouvoir judiciaire complètement indépendant du pouvoir exécutif». L'élection du Conseil supérieur de la magistrature va aussi permettre un autre pas en avant pour la démocratie tunisienne, comme le souligne le député Abada Kefi, avocat et ancien président de la commission des lois, notant que «ça va permettre immédiatement après d'installer la Cour constitutionnelle», écrit Radio France Internationale. La Cour constitutionnelle est un indispensable garde-fou d'après l'élu.