A défaut d'une demande de repentance officielle de l'Algérie, c'est le premier parti du pouvoir qui réclame des excuses de la France pour les crimes commis durant l'époque coloniale. Le Front de libération nationale (FLN), a réitéré, hier, à l'occasion de la commémoration du 62e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération la revendication portant demande de repentance. «Au FLN, autant nous sommes fiers de notre guerre, de ses héros, de ses chouhada et moudjahidine, autant nous insistons sur notre revendication légitime à ce que la France s'excuse auprès du peuple algérien pour les crimes commis contre lui par le colonisateur français», écrit l'ex-parti unique dans une déclaration à l'occasion. Une réaffirmation qui intervient au moment où la guerre de mémoire enfle entre Paris et Alger, relancée depuis quelques mois par l'affaire des crânes de héros algériens gardés au musée de l'Homme de Paris. Le FLN estime que «le registre du colonialisme est entaché de crimes, de sang, et de pratiques inhumaines», critiquant au passage les responsables français qui «parlent de ses bienfaits et honorent les harkis et qualifient la glorieuse Révolution et ses héros de terrorisme et de terroristes». Allusion faite, on l'aura compris, au dernier dérapage de Guillaume-Denoix de Saint-Marc, fondateur et directeur-général de l'Association française des victimes de terrorisme (AFVT), qui avait assimilé, lors d'une cérémonie en présence du président François Hollande, la bombe du Milk Bar d'Alger, en 1956, à «un attentat terroriste». Le retour à la charge de l'ex-parti unique, version Djamel Ould Abbès, ne dépasse pourtant pas son caractère purement émotionnel et populiste, à la veille des élections législatives prévues durant le printemps 2017. Il ne s'agit pas d'une demande politique au sens propre, d'autant que le FLN est le parti qui compte le plus grand nombre de ministres au sein du gouvernement d'Abdelmalek Sellal. D'ailleurs, le chef de l'Etat, et néanmoins président du FLN, n'a pas été jusqu'à oser la demande. Dans un message adressé à la nation, Abdelaziz Bouteflika s'est contenté de parler des «réalités du colonialisme en Algérie» après avoir cité les «massacres proches du génocide», «la spoliation massive de nos terres», «la déportation» d'Algériens et «la tentative d'éradication de notre identité nationale». «Tels furent, parmi d'autres tout aussi condamnables, les réalités du colonialisme en Algérie, des réalités que nul discours outre-mer ne saurait à jamais ni travestir ni encore moins effacer», écrit le président Bouteflika dans une première réponse officielle claire aux discours de certains responsables français. Pour des observateurs avérés, la demande de repentance ne saurait dépasser son caractère de «carte politique» que l'on ressort à chaque fois aux fins d'alimenter la polémique et entretenir la guerre de mémoire. Rien de plus. Sinon, le FLN aurait fait mieux de déterrer son projet de loi criminalisant le colonialisme, rangé dans les tiroirs du bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN), depuis 6 ans. Le projet de loi signé par pas moins de 120 députés de la majorité parlementaires et autres, déposé en 2010, est abandonné sans que ses initiateurs ne renoncent à l'idée. Les relations, notamment sur le double plan économique et sécuritaire, entre Alger et Paris dépassent de loin les conflits d'Histoire. En 2012, François Hollande, en visite dans notre pays, avait reconnu uniquement «les souffrances affligées par le colonialisme à l'Algérie». Point !