La salle Sila a abrité ce lundi une rencontre autour de la littérature à l'école, dans le monde et en Algérie. Il a été évoqué trois expériences, en l'occurrence celles de la Tunisie avec Mabrouk Mannai, professeur en poésie et poétique arabe classique à la faculté de la Manouba, de la Belgique avec Jean-Louis Dufays, professeur à l'Université catholique de Louvain qui a parlé de La littérature : quels corpus pour quels apprentissages ? et enfin de la France, où il a été question d'apprendre à comprendre les œuvres de littérature de jeunesse à l'école maternelle et élémentaire en France, conférence animée par Roland Goigoux, professeur des universités en sciences de l'éducation à l'université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrrand. Par la suite, il était question de l'expérience de la littérature à l'école algérienne. Pour Farid Benramdane, conseiller au ministère de l'éducation nationale, avoir une littérature dans l'école algérienne passe par une refonte des programmes éducatifs et des manuels scolaires à travers une approche qualitative. «Il faudrait refaire et recadrer tout le contenu des manuels scolaires en incluant toutes les périodes de l'histoire, tous ses personnages et ce, dans les trois langues, arabe, tamazight et française. On est choqué d'apprendre que les manuels scolaires algériens contiennent seulement 2% de textes littéraires», fera remarquer Benramdane. «Nous sommes une société traumatisée depuis deux siècles. 130 ans de colonisation, 20 ans de parti unique et 15 ans de terrorisme… il faut sortir maintenant de l'ancien système. Et c'est pour cela que la loi sur l'orientation scolaire va supprimer le monopole de l'Etat sur le manuel scolaire», vu que le ministère de l'éducation nationale n'est plus éditeur, mais donne seulement son agrément. Il y a de nouvelles missions à mener pour ramener le manuel à sa juste fonction pédagogique, fera remarquer M. Benramdane. L'interlocuteur a ensuite révélé que depuis 15 ans, l'Algérie a atteint 98% de scolarisation sur le territoire national. «Cela dit, il est temps de se pencher sur la qualité de cet enseignement et non pas sur sa quantité. L'école n'est pas une immense garderie qui produit de la violence», a-t-il martelé. En outre, pour la seconde intervenante à cette rencontre, Leila Medjahed, maître de conférences et chercheuse à l'Elila et au Crasc, faire revenir la littérature à l'école est une mission importante qu'il faut absolument réussir. Encourager la lecture La chercheuse a exposé à cette occasion son travail mené avec trois équipes de recherches dans les trois langues, et qui consiste en une anthologie littéraire scolaire algérienne de l'antiquité au moyen-âge et à la période contemporaine. «Dans ces anthologies, on retrouve toute la littérature, l'histoire, le patrimoine, les personnalités historiques algériennes mais aussi universelles…. c'est une nécessité nationale que de combler cet immense vide», a-t-elle dit. De son côté, Racha Aït Youcef, enseignante à l'Université de Tizi Ouzou, a évoqué «la lecture en milieu scolaire à travers une expérience réussie durant l'année scolaire 2015-2016», qui a porté sur la lecture plaisir et la lecture pratique.