La crise financière qui secoue le monde et qui produit comme premières conséquences un net recul en matière de projets d'investissements, brouillant toute visibilité à court et moyen terme, avec comme effet immédiat la chute des cours du pétrole, ne semble pas être un point d'inquiétude pour la compagnie nationale Sonatrach. En effet, tel que l'a laissé clairement entendre le P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, le plan de développement de la compagnie, avec une ambition autrement plus portée sur l'avenir, sera maintenu et respecté. Ce programme, assorti d'une enveloppe de 6,5 milliards de dollars, est inscrit à la réalisation pour la période 2009-2013 et affiche une volonté des dirigeants de Sonatrach à poursuivre l'élan de modernisation avec l'ambition de hisser la compagnie au rang des plus influents acteurs économiques activant dans cette branche. Mohamed Meziane était la première personnalité à inaugurer la nouvelle formule de rencontre avec la presse sous l'intitulé «L'invité du Temps», forum lancé conjointement par les quotidiens Wakt El Djazaïr et le Temps d'Algérie, mardi dernier. L'occasion a ainsi été donnée au premier responsable de Sonatrach d'afficher les ambitions de son groupe qui compte «aller à la conquête de nouveaux marchés en mettant l'accent sur la diversification des terrains d'investissement et de développement de la compagnie». Ainsi, il annoncera sans grands détails, réserve oblige, que le marché français sera la prochaine destination d'implantation de la Sonatrach. Il ajoutera que des «démarches sont en cours pour accéder à ce marché». L'agressivité commerciale et économique En clair, Sonatrach, qui a réussi le défi de s'inscrire dans cette politique d'agressivité commerciale et économique en allant chercher l'efficacité et la compétition sur le continent européen et les pays sud-américains, compte aller plus loin dans sa vision, même si Mohamed Meziane reconnaît au passage «une certaine réticence réglementaire et une fermeture à l'accès relevée dans certains pays européens». A ce titre, «le marché européen n'est pas très ouvert et certaines formes de barrières et de protectionnisme ont toujours cours, contrairement aux marchés américains qui sont plus ouverts et plus accessibles», signale-t-il, sans pour autant baisser les bras pour affirmer que sa compagnie ira se frotter à la concurrence sur certains segments d'activité tant sur l'exploration que dans les circuits de la distribution et de la commercialisation. La percée opérée en Grande-Bretagne, en Espagne et en Amérique latine auront été de bonnes expériences qui auront permis à Sonatrach, explique-t-il, de se frayer un chemin dans cette quête d'internationalisation. D'ailleurs, pour se donner les moyens d'une telle politique, l'invité du Temps souligne les efforts de formation et de perfectionnement des cadres et de l'ensemble des effectifs de son groupe. Une enveloppe de 80 millions de dollars est consacrée à la formation dans divers compartiments tels le management, la gestion moderne au profit du personnel de la compagnie. Cette formation sera soutenue et dispensée dans sa majorité en Algérie, sauf que pour certaines spécialités, le recours à l'expertise étrangère sera prévu. «On veut atteindre le niveau international de management. Le rajeunissement des cadres ainsi que l'objectif d'assurer une relève compétente est une de nos priorités», fera savoir le conférencier qui laisse entrevoir un optimisme «carburant» dénotant d'une véritable stratégie pour la plus importante entreprise du pays qui reste à «la source» de nos ressources puisque sur ses épaules reposent les équilibres financiers de l'ensemble des activités nationales. Son caractère stratégique n'étant plus à démontrer, Sonatrach qui selon son premier responsable «se veut être une entreprise citoyenne, se lance également dans des activités diverses au profit du développement national, qu'il soit d'ordre économique, financier, social ou environnemental. De même que, dans le cadre d'une démarche qui s'inspire du souci de maîtrise des coûts et de recherche d'amélioration des conditions de gestion au meilleur niveau, la compagnie a décidé de laisser planer ses atouts en optant pour le développement de la filiale aérienne à travers la compagnie Tassili Airlines qui se veut un outil de renfort et d'investissement au profit d'une vaste étendue sur laquelle se déploie l'intervention de Sonatrach. Mohamed Meziane n'exclut pas de réorienter cette compagnie sur un programme international. C'est également toute la symbolique de haut vol qui témoigne de l'envergure d'un programme propre à une compagnie qui se refuse de s'enfermer dans des missions exclusivement pétrolières ou gazières. Une manière de sortir des «réserves et des puits» pour explorer d'autres «fonds» et d'autres gisements d'affaires…