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L'heure de vérité sonnera-t-elle un jour ?
Procès Achour Abderrahmane/BNA
Publié dans Le Temps d'Algérie le 24 - 06 - 2009

«Un correctif sur la somme est nécessaire, il ne s'agit nullement de 3200 milliards mais de 2100 milliards», a tonné Me Ksentini d'emblée. Comme chaque matin, magistrats, avocats et partie civile se rencontrent au tribunal de Sidi M'hamed dans le cadre de l'affaire Achour Abderrahmane qui n'arrive toujours pas à connaître son épilogue. Le mystère demeure encore, mais la face apparente de l'iceberg est cachée.
1957 chèques, ces documents bancaires disparus on ne sait par quel moyen, restent la demande formulée par toute la défense.
Les sociétés de Achour que l'autorité judiciaire déclare, dans son rapport de la chambre d'accusation, qu'elles sont fictives alors qu'elles se trouvent sous séquestre. Où est la vérité ?
Me Sellini a abordé sa plaidoirie par des jugements de jurisprudence française sur des affaires similaires, même cas en Algérie, celui, de Hadj Bettou, qui était qualifié en 1992 comme étant le pire ennemi de la nation alors que le tribunal militaire en a décidé autrement.
«Dans ce procès, nous, en tant que défense, nous relevons un vice dans les procédures, je dirais plus que cela, le juge d'instruction, avec tout le respect que je lui dois, il n'a aucune connaissance en matière de comptabilité, et l'expert sur lequel le parquet s'est basé n'est pas plus compétent que les autres.»
Me Sellini qui s'est constitué au profit de Settouf Djamel a apporté des explications de taille au tribunal : «Le rapport dit que mon client est le lieutenant de Achour alors qu'il n'existe aucun document signé par Settouf, il n'a aucun pouvoir de décision».
Le bâtonnier a ajouté que «le père de Settouf est un homme très riche, il a construit même la mosquée de Koléa, mon client n'a ni ordonné ni exécuté des actes hors la loi», a conclu Me Sellini.
«Du scandale financier au scandale judiciaire»
Un autre bâtonnier chevronné a élevé sa voix hier, défendant l'accusé principal, Achour Abderrahmane. Me Ksentini a de prime à bord tiré à boulets rouges sur la presse algérienne qui, selon lui, «a gonflé l'affaire et lui a donné un autre cachet que celui initial, les journalistes viennent aux séances avec des idées préconçues, ce qui nuit au bon déroulement de la machine judiciaire mais, surtout, la presse a porté une atteinte morale à mon client, ce qui rend d'ailleurs mon client vulnérable».
L'air interrogatif, Me Ksentini a déclaré : «Est-il logique et normal que mon client paye pour les erreurs des banquiers ? Non, non et non.» Et de renchérir : «Le dysfonctionnement de la banque ne devrait concerner que les fonctionnaires de cette institution, encore il faut prouver le dysfonctionnement, pour ma part, l'erreur est : mon client a réussi là où les autres ont échoué, doit-on le punir pour sa réussite ?»
Sur l'accusation d'association de malfaiteurs, Me Ksentini s'est dit «outré, pour cause, la cour suprême marocaine a extradé Achour sur la base du rapport des experts pour dilapidation de deniers publics, et il n'a jamais été question d'association de malfaiteurs.
C'est une accusation irrecevable». Pour rappel, le protocole d'accord entre l'Algérie et le Maroc qui date du 15 mars 1963 et signé par notre pays en 1969, dans son article 43 il est stipulé qu'il est strictement interdit d'ajouter une accusation autre que celle objet d'extradition.
«C'est une atteinte au droit et à l'équité, et cette affaire donnera une idée à la Grande-Bretagne concernant l'extradition de Khalifa», a avancé encore Me Ksentini.
S'agissant de dilapidation ou d'émission de chèques sans provision, l'ex-bâtonnier a encore une fois demandé et exigé les 1957 chèques qu'il a qualifiés d'arme du crime. L'avocat va plus loin dans ses déclarations, il a annoncé devant l'assistance que «même les experts n'ont pas eu droit à ces fameux chèques, ils ont jeté un œil sur des photos de chèques !».
Dans le même ordre d'idées, Me Ksentini a demandé à la justice s'il y a quelqu'un qui a déposé plainte contre Achour pour émission de chèque sans provision, la réponse est niet.
Une autre déclaration de Ksentini qui a fait mal : «Pourquoi le groupe Tonic qui est redevable à la Badr de 9000 milliards est ailleurs alors que Achour est là ? Et s'il y a chèque sans provision pourquoi ramener tout ce beau monde d'accusés puisqu'un chèque contient un tireur et un émetteur ?» Autant de questions sur lesquelles la justice rendra des réponses.
«Achour, suceur d'argent ?»
Me Laceb, de son côté, n'a pas ménagé ses efforts et n'a pas mâché ses mots en défendant Achour Abderrahmane. Après la question de routine sur les 1957 chèques, puisque la justice est à charge et à décharge, selon l'article 302 du code de procédure pénal, Me Laceb s'est attaqué au procureur général qui a été très dur à l'égard de son client lors du réquisitoire.
«Comment peut-on désigner un liquidateur juridique pour des sociétés fictives ?», s'est interrogé l'avocat, insinuation faite aux accusations émises par le parquet concernant la création par Achour de sociétés fictives.
Et d'ajouter : «Mon client a plus de 2500 milliards, oui il a un matériel de dernière génération dont la valeur dépasse même ce chiffre, si le parc de Achour débarque à Alger aucune autre voiture ne circulera, pour les sociétés (National A plus) et (Transport bleu) il y a jusqu'à ce jour 750 travailleurs qui accomplissent leur tâche, et les services des impôts prennent l'équivalent de 6000 milliards qu'il a payés et les documents officiels sont là et sont authentiques, où est la fiction ?» «Vous savez monsieur le président, les bureaux américains qui sont une référence en la matière ont qualifié la BNA d'épicerie de quartier, c'est honteux !», a-t-il dit.
«Achour gêne les intérêts des concurrents et ne sert pas quelques milieux», a conclu l'avocat. Aujourd'hui, la journée sera consacrée aussi aux plaidoiries et le verdict tombera, normalement, en fin de soirée.


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