Chanteur comique, comédien et fantaisiste, Djaâfar Beck qui a fait partie de ces artistes qui nous offraient de bons moments à la télévision dans les années 1960-1970 est décédé, hier à l'hôpital de Zéralda (Alger), à l'âge de 89 ans. Djaâfar Beck qui est parmi ces artistes qui ont fait les beaux jours de la télévision algérienne au lendemain de l'indépendance était un talentueux comédien. Comme la plupart de nos comiques qui avaient suivi la voie de Rachid Ksentini, Djaâfar Beck nous a offert des sketchs, des films mais aussi des chansons. Il est dommage qu'il n'ait enregistré que quelques chansons, notamment «Eddinaha» et «La Ilaha Ila Allah» dont les collectionneurs gardent le Vinyle 45 tours. Djaâfar Beck, de son vrai nom Abdelkader Cherouk, ce véritable maquisard (il aurait été capitaine de l'ALN) a choisi la chanson satirique pour se moquer des Français qui étaient obligés de prendre la valise en 1962. «Bel Valizet Harbine», disait la chanson et «Eddinaha !» avec un éclat de joie mêlé de rires que seul Djaâfar Beck pouvait offrir sur les sillons d'un inoubliable disque 45 tours. Il était accompagné par l'orchestre La rose blanche que dirigeait le violoniste Mustapha Sahnoun. Le défunt a joué dans des dizaines et des dizaines de sketchs à la télévision, notamment aux côtés d'autres comédiens tels qu'Ali Abdoun Sid Ali Fernandel (Houat), Sissani (Djdiet) et Cheikh Nourddine. Le comédien et chanteur qui était un excellent critique a enregistré d'autres chansons dans les années 1970, dont certaines ont été composées par le musicien et chanteur d'opéra et d'andalou, Saïd Bestandji dit Hassan Badri. On se souvient de cette chanson où Beck donnait un cours de conjugaison en arabe. On le voyait aussi dans de nombreux sketches tels que «Je veux un enfant» dont il a écrit le scénario et dont la réalisation est d'Abdelghani Mehdaoui. On remarque que le générique était réalisé par le dessinateur Mohamed Aram. C'était l'époque où les Algériens faisaient leurs premiers essais de dessins animés. On se rappelle aussi de la comédie musicale «La finale» réalisée par Mohamed Slim Riadh et des émissions telles que «Bachacha» et «Improvisations» qu'il animait. Le bon vieux temps Djaâfar Beck, qui est né en 1928 à la Casbah d'Alger, a vécu durant son enfance dans la maison de la grande chanteuse de hawzi Meriem Fekkai où venaient souvent des artistes dont le grand comédien Rachid Ksentini, ce qui l'a poussé à suivre plus tard la carrière de comédien. Un de ses fils est devenu réalisateur à la Radio nationale. Djaâfar Beck était un artiste polyvalent puisqu'il était chanteur comique, scénariste, fantaisiste, animateur et comédien.. C'était aussi un excellent critique, rapportent les artistes qui l'ont connu. Il a fait partie de la troupe du FLN dirigée par Mustapha Kateb. On ne sait si tous ses films se trouvent toujours au niveau des archives de la Radio et Rélévision nationales. On aimerait bien revoir ces films de l'époque où comédiens, techniciens et réalisateurs savaient qu'ils n'avaient pas les moyens mais usaient de leur savoir-faire pour nous offrir de bons films et des émissions vraiment variées.