Les concessionnaires de voitures se préparent à vivre une grave crise financière. Et pour cause, l'importation des véhicules neufs est toujours bloquée par le gouvernement. Le cinquième mois de l'année 2017 est déjà entamé et le ministère du Commerce n'a toujours pas octroyé les licences d'importation de véhicules neufs. Une situation qui cause de gros préjudices pour les nombreux concessionnaires qui s'apprêtent à passer une année «blanche» avec d'importantes difficultés financières. Selon, Mohamed Bairi, patron du groupe automobile IVAL et vice-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), les temps sont rudes pour les concessionnaires algériens qui devront serrer la ceinture pour boucler l'année. Le retard accusé par la tutelle dans l'octroi des licences d'importation est la principale raison. «Même si nous aurons ces licences au plus tard le mois de juin, la situation demeure inchangée. Car, il nous faut plusieurs mois de production pour pouvoir mettre en vente les nouveaux véhicules. Ce qui voudrait dire que durant l'année 2017 nous n'aurons pas de bénéfices à réaliser», a-t-il déploré. Pour minimiser les dégâts, les concessionnaires devront baisser les charges, et ce, à travers la suppression de plusieurs postes au sein de leurs entreprises et la fermeture de quelques points de vente afin de gérer la situation. Pour le moment, le gouvernement n'a octroyé que des licences d'importation pour certains produits de consommation, notamment la viande rouge. Le fait de permettre l'importation de la viande en cette période exceptionnelle de l'approche de Ramadhan, ne cache pas la volonté du gouvernement de renoncer à sa décision de suspendre les importations de cet aliment. Ce qui est valable aussi pour l'importation de véhicules neufs que les autorités publiques songent à suspendre après l'entrée en production des usines locales de montage. Le ministre de l'Industrie Abdessalem Bouchouareb, que les journalistes ont interrogé au mois d'avril écoulé au cours d'une visite de travail effectuée à Chlef, sur la question de l'importation, a répondu après avoir exclu la responsabilité de son département sur ce blocage, en disant que le Comité interministériel qui est chargé de trancher sur cette question devait se réunir en ce début du mois de mai. Ce comité qui regroupe des représentants des ministères du Commerce, de l'Industrie et de l'Agriculture est présidé, a indiqué Bouchouareb, par le secrétaire général du ministère du Commerce. Les décisions de ce comité seront prises, a affirmé le ministre de l'Industrie, en fonction des instructions du Premier ministre, données lors du Conseil du gouvernement tenu le 27 du mois de mars dernier. Scandale Tahkout à l'origine Interpellé à ce sujet, une source au ministère du Commerce n'a pas pu nous donner plus de précisions. «Pour le moment, nous n'avons aucune d'information à ce sujet. Le gouvernement ne s'est pas encore décidé sur l'octroi des licences d'importation», nous confie-t-on. L'interdiction d'importation de véhicule a-t-elle un lien avec le scandale Tahkout ? Tout porte à le croire. En effet, il y a presque deux mois, Mehiedine Tahkout a été mis dans l'embarras par une fuite de photos sur les réseaux sociaux, qui prouve que son usine n'est autre qu'un «grand hangar de vulganisateur» dont le rôle est de boulonner des roues sur des véhicules importés clés en main. Une situation qui a gêné le gouvernement à décider de suspendre les licences d'importations et de temporiser pour les projets de montage d'automobiles afin de voir plus clair. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal l'a d'ailleurs affirmé récemment lors de la visite du Premier ministre français Bernard Cazeneuve, à Alger. «Nous sommes en train d'analyser la situation de l'industrie automobile, nous faisons un audit pour rééquilibrer nos projets», a souligné M. Sellal. «Nous voulons produire des véhicules selon les besoins du marché et envisager l'exportation», a-t-il ajouté. Le gouvernement veut, donc, évaluer les résultats de sa politique d'encouragement de l'industrie locale de montage et ses apports financiers et technologique au pays. En attendant, les clients doivent s'armer de patience pour se faire livrer un véhicule neuf, à défaut de se soumettre aux délais d'attentes chez les constructeurs qui ont investi dans la production nationale comme Renault, Hyundai et bientôt Volkswagen.