La Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA Banque) changera prochainement de statut pour pouvoir accorder des crédits mutuels ruraux de proximité, a annoncé hier Kamel Arba, directeur général de la caisse. Intervenant à l'occasion de l'atelier sur le crédit mutuel rural organisé à Alger, le responsable a plaidé pour la création d'un fonds de garantie. selon lui, «les mécanismes de financement doivent obéir à la mise en place d'un mode adapté et qui lui soit propre». Il avoue que le changement de la CNMA en banque commerciale a été un échec total. «La CNMA Banque n'a pu atteindre les objectifs escomptés pour devenir un outil de financement de l'activité agricole». Les raisons, selon lui, sont liées au lourd portefeuille de crédits impayés hérité de la CNMA mère, pour se retrouver avec un actif net négatif de 15 milliards DA, entraînant la nomination par la Banque d'Algérie d'un administrateur. Les anciennes créances de la CNMA «se sont révélées contraires à la loi dans la mesure où elles résultent de relations d'affaires entre la banque et ses actionnaires, ce qu'interdit la loi sur la monnaie et le crédit», a-t-il reconnu. Ainsi, une décision a été prise par le ministère de l'Agriculture pour revenir sur la mission initiale de la caisse, qui est le crédit mutuel. Pour enrichir et accompagner la CNMA dans cette mutation, des représentants de l'organisation mondiale de l'alimentation (FAO), de la Banque mondiale (BM) et des intervenants du secteur agricole ont été associés à l'atelier qui prendra fin demain pour élaborer un projet de feuille de route. Cette dernière servira de base à la mise en place du crédit mutuel spécifique au monde rural algérien. Ce projet, qui traitera des aspects juridique, institutionnel, organisationnel et fonctionnel, sera soumis au ministre de l'agriculture, Rachid Benaïssa, pour approbation. La réhabilitation du crédit mutuel rural, qui doit être effectué dans les meilleurs délais, permettra d'avoir «un outil adapté aux mentalités et aux spécificités de l'agriculture», qui devra relever un double défi qui consiste en l'augmentation de la production agricole et la garantie de la sécurité alimentaire. Pour sa part, le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, Sid Ahmed Feroukhi, a relevé l'existence des systèmes de financement, mais qui sont difficilement adaptables au monde rural. Il rejoint ainsi l'appel lancé par Kamel Arba pour la création d'une institution financière qui peut s'adapter aux spécificités et aux besoins du monde agricole et rural. Le crédit agricole sera maintenu pour être pratiqué par la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr). Revenant sur la vulnérabilité du secteur agricole, Yvon bernier, vice-président expertise-conseil du groupe canadien Desjardins, a mis l'accent sur le partage des risques avec des institutions spécialisées comme les fonds de garantie. Il cite, entre autres, risques le climat, les infestations et l'instabilité des prix. De ce fait, «la Banque d'Algérie doit mettre en place des mesures prudentielles spécifiques au secteur agricole».