Toujours partant, toujours mobilisé pour la cause africaine dont il est l'un des plus prestigieux défenseurs, Youssou N'dour sera dans quelques jours parmi nous à Alger pour célébrer au Pana, la culture africaine. Compte tenu de son parcours, la participation de Youssou N'dour au Panaf 2009 prend une valeur symbolique qu'on ne peut omettre de signaler car que ce soit en faveur des sinistrés du tremblement de terre d'Al-Hoceima au Maroc ou pour le dénouement de la crise au Darfour, Youssou N' dour est en Afrique sur tous les fronts. De nombreuses ONG le savent bien, elles, qui le sollicitent si souvent. Et pas seulement les ONG, même les Nations unies et l'Unicef ont consacré, il y a déjà longtemps, Youssou N'dour, ambassadeur de bonne volonté. D'ailleurs dès ses débuts, sans qu'on ne lui ait jamais rien demandé, Youssou N'dour ne cessera de militer en tant qu'artiste pour une Afrique indépendante et unie, une démarche résolument anticolonialiste du reste. Un concert pour la libération de Mandela Il est à rappeler que c'est lui qui organise en 1985 au Stade de l'Amitié de Dakar, un concert pour la libération de Nelson Mandela. On peut même dire sans conteste que Youssou N'dour y est très certainement pour quelque chose dans l'élargissement du grand héros africain une dizaine d'années plus tard. Quoiqu'il en soit, cette contribution à la cause africaine ne se démentira jamais tout au long de sa carrière ponctuée par de nombreuses initiatives humanitaires en direction du continent africain, auxquelles il prend toujours part, volontiers. La substance de son art est d'ailleurs entièrement empreinte par cette démarche. Ses textes déclinés en wolof dénoncent souvent la situation en Afrique. Mais d'où vient Youssou N' dour ? Aîné de sa famille, il a grandi dans le quartier de la médina de Dakar. De confession musulmane de la zaouïa Tidjania, il est surtout connu dans son pays pour être le roi du «m'balax», un genre musical né dans les quartiers populaires de Dakar. Toute l'Afrique de l'Ouest d'ailleurs, se revendique aujourd'hui de sa musique afro-urbaine marquée par la soul américaine. Youssou N'dour a marqué toute une génération de musiciens de la sous région qui lui voue à ce jour un véritable culte. Il est parmi les rares artistes africains à avoir réussi à allier engagement et succès. L'artiste africain du siècle reste modeste A vrai dire, ce musicien a véritablement percé à l'échelle mondiale grâce au tube «Seven seconds» chanté en duo avec Neneh Cherry, la fille de Don Cherry, le grand trompettiste de jazz installé au Danemark. L'album a été vendu à pas moins de 2 millions d'unités. Le clip tourné à New York fera le tour des télés mondiales. «Seven seconds» est une chanson qui s'oppose au racisme et qui prône la tolérance. Qui ne connaît pas en effet ce refrain à donner la chair de poule : Seven seconds away. Just as long as I stay, I'll be waiting. Et la réplique de Youssou N'dour ? J'assume les raisons qui nous poussent à changer tout. J'aimerais qu'on oublie leur couleur pour qu'ils espèrent. Beaucoup de sentiments de race qui font qu'ils désespèrent. Je veux les porter grandement ouvertes. Des amis pour parler de leur peine, de leur joie. Pour qu'ils leur filent des infos qui ne divisent pas. Changer… : Seven seconds away. Just as long as I stay I'll be waiting. Une chanson inoubliable. Youssou N'dour recevra à la suite de ce succès planétaire de nombreux prix internationaux comme le très envié et prestigieux Grammy Awards. Elu «meilleur artiste africain en 1996» et «l'Artiste africain du siècle» en 1999, Youssou N'dour qui a travaillé avec des artistes de renommée internationale comme Peter Gabriel ou encore Paul Simon n'arrive toujours pas à prendre la grosse tête ni à renier ses amis. Pour avoir eu le privilège de côtoyer le griot sénégalais, on peut dire sans l'ombre d'un doute que c'est là l'un de ses principaux mérites. Une modestie à toute épreuve. Par Mohamed