Les protestations dans la province d'El Hoceima ne s'essoufflent pas. Tandis que la grève est respectée par la population locale contre la répression menée par les forces de l'ordre du Maroc, les organisations non gouvernementales, Amnesty International et Reporters Sans Frontières, dénoncent les pratiques du palais royal. L'organisation de protection des droits de l'Homme établie à Londres, Amnesty International, a dénoncé les arrestations massives des manifestants au Rif du Maroc. «Les autorités marocaines ont mené une vague d'arrestations contre des dizaines de manifestants, militants et blogueurs, dans le Rif, au nord du Maroc, au cours de la dernière semaine, après des mois de manifestations visant à mettre fin à la marginalisation et pour un meilleur accès aux services dans la région, a noté Amnesty International. L'ONG souligne que certains manifestants détenus se sont vu refuser l'accès à leurs avocats pendant leur garde à vue. Certains «portent des marques visibles de blessures», selon des avocats, cités par AI. Amnesty dit craindre également que les manifestants pacifiques et les blogueurs qui couvrent les manifestations sur les réseaux sociaux soient accusés d'atteinte à la sécurité de l'Etat. «Nous craignons que cette vague d'arrestations ne soit une tentative délibérée de punir les manifestants du Rif après des mois de dissidence pacifique. Il est essentiel que les autorités marocaines respectent le droit à la liberté d'expression et de réunion», a soutenu l'ONG. Amnesty et RSF fustigent le Maroc Elle ajoute que les accusés ne doivent pas se voir refuser le droit à un procès équitable. Les autorités devraient également veiller à ce que les militants pacifiques ne soient pas condamnés pour des accusations erronées juste pour avoir participé à des manifestations. Du 26 au 31 mai 2017, les forces de sécurité ont arrêté au moins 71 personnes suite à des manifestations à El Hoceima et dans les villes voisines d'Imzouren et Beni Bouayach, note Amnesty. Reporters sans frontières a dénoncé les exactions contre des journalistes venus couvrir les manifestations qui secouent le Rif depuis la mort du vendeur de poisson Mohcine Fikri, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016, alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise saisie par la police. Indiquant qu'elle a déjà recensé deux arrestations, trois disparitions et l'expulsion d'un journaliste algérien, Djamel Alilat, l'ONG a estimé que les autorités marocaines veulent étouffer les événements dans le Rif. Le 28 mai 2017, Djamal Alilat, grand reporter du journal algérien El Watan, a été interpellé à Nador. Il a été depuis expulsé du territoire marocain après avoir passé plus de 24h en détention, sans qu'on lui restitue son matériel saisi, a rappelé RSF dans un communiqué, soulignant que «les autorités ont invoqué l'absence d'une autorisation de tournage, prétexte trop souvent utilisé et soumis à l'arbitraire au vu du manque de transparence dans les critères d'octroi de ces autorisations et de l'absence d'une notification de refus motivée dans des délais raisonnables». Colère populaire De nombreuses manifestations ont lieu dans le nord du pays notamment. Un appel à la grève générale a été largement suivi pour réclamer la libération de plusieurs militants. Depuis huit jours, tous les soirs à la rupture du jeûne, des centaines de personnes viennent se rassembler dans le centre d'El Hoceïma, dans le nord du Maroc. Des hommes et des femmes qui manifestent pour demander la libération de leur leader, Nasser Zafsafi, emprisonné lundi et qui dirige un mouvement contre la corruption et pour la fin de la pauvreté dans la région du Rif. L'interpellation de Nasser Zafsafi a eu lieu le premier jour du ramadhan et la police espère que sans son leader, son mouvement va s'essouffler. Le palais royal marocain a opté pour la répression des protestataires, au lieu du dialogue. La population d'El Houceima réclame l'amélioration des conditions sociales dans la province.