Une altercation verbale a opposé, jeudi dans la soirée, des députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à d'autres du Front de libération nationale (FLN), après que ces derniers aient essayé d'interrompre l'intervention de Mohand Arezki Hamdous qui s'exprimait en tamazight. Alors que le député RCD de la wilaya de Tizi Ouzou n'a enfreint aucune règle, si ce n'est de s'exprimer dans une langue nationale et officielle reconnue dans la Constitution du pays, une députée de l'ex-parti unique, visiblement gênée par la diversité culturelle de l'Algérie, et peut-être même par le fait que des citoyens s'expriment dans une autre langue que l'arabe, s'est élevée pour afficher son refus de l'écouter. La députée est soutenue par des camarades du même groupe. Ils ont tenté d'interrompre l'intervention de Hamdous. Cependant, c'était compter sans la détermination du concerné et d'autres élus du parti de Mohcine Belabbas qui ont immédiatement réagi. Et ce sera finalement au président de la Chambre basse du Parlement de trancher, en faveur du député RCD. Saïd Bouhadja n'a pas hésité à remettre à l'ordre les députés de son parti, le FLN, estimant donc qu'il n'y avait aucun mal, ni problème à ce que tamazight soit utilisée à l'intérieur de l'hémicycle. L'autre position à saluer dans ce sens, c'est bien celle de Saïd Lekhdari. Le chef du groupe parlementaire du FLN, et dans une scène inédite dans les anales de l'APN s'est élevé de son siège, non pas pour défendre son parti, mais pour corriger une dérive. Il s'est, en effet, révolté contre la députée FLN à l'origine du chahut, la remettant à l'ordre, devant les yeux de tous les présents à la séance plénière. Une position digne d'un chef de groupe qui sait instaurer la discipline au sein de son équipe. Le mouhafedh et député de Tizi-Ouzou est connu, faut-il le reconnaître, pour ses positions en faveur de tamazight. Il avait même déclaré en 2015 qu'il quitterait l'APN au cas où tamazight ne deviendrait pas officielle. Yassine Aissiouane et Lila Hadjarab ont répliqué aux députés du FLN, expliquant que tamazight était «une ligne rouge» et le fruit d'un long combat. De plus, n'est-ce pas ce Parlement qui a adopté, en février 2016, la loi fondamentale du pays, stipulant dans son article 4 que «tamazight est également langue nationale et officielle» et que «l'Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national» ? Si pour le moment, aucune réaction n'est à relever du côté du FLN face à ce qui semble être un vrai dérapage, chez le RCD, par contre, les députés se sont vite exprimés, notamment sur leurs pages Facebook. Atmane Mazouz s'est même félicité que les députés de son parti soient parvenus «à imposer» tamazight à l'APN. «C'est une exigence de notre programme électoral qui appelle clairement à la mise en œuvre de son officialisation», a écrit le député de Béjaïa, estimant que «la politique n'est jamais une question de nombre, mais un rapport de force et de convictions». Ainsi, dès le début du mandat législatif, le RCD annonce la couleur à l'APN. Sa présence, bien qu'elle soit faible avec ses 9 députés, est bien partie pour faire bouger les choses. Il s'agit, là, du premier incident de plénière depuis l'élection de la nouvelle Assemblée.