Le président du MSP, Abderrazak Makri, trouve scandaleuses les révélations du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, selon lesquelles 70 milliards de dinars ont été injectés dans des projets d'investissement sans aucun résultat sur le terrain. «Qui est responsable de ce gaspillage ? Où est parti tout cet argent ? Qui en a bénéficié et surtout où sont les comptes (que devaient présenter ceux qui ont dépensé cette somme) ?», s'est interrogé, hier, M. Makri à l'ouverture des travaux d'une session ordinaire du Conseil consultatif du parti. Le président du MSP estime que l'absence de demande de comptes aux responsables «a détruit le pays». «L'économie nationale est gérée d'une manière catastrophique à cause de la mauvaise gestion, la corruption et les lobbies, notamment français», a-t-il lancé, affirmant que 50 ans après l'indépendance, l'Algérie aurait pu faire partie, si elle avait été bien gérée, des pays émergents comme le Brésil, l'Inde, la Turquie, l'Iran ou encore l'Indonésie. En commentant les révélations du Premier ministre, le chef du MSP a indiqué que son parti était prêt à soutenir Tebboune «s'il veut engager de véritables réformes politiques et économiques». «Mais si l'intention est de dilapider les 100 milliards de dollars des réserves de change en prévision des présidentielles de 2019, ce serait une grande trahison pour le pays», a-t-il poursuivi. Dans le même temps, l'orateur a taclé le secrétaire général du RND et chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Il a soutenu que le projet des martyrs de la Révolution de 1954, transcrit dans la proclamation du 1er Novembre, n'est pas encore réalisé. Ses arguments : les élections sont toujours truquées, le contrôle des affaires publiques est impossible, la transparence n'existe pas et l'alternance pacifique au pouvoir est impossible. A cela, Abderrazak Makri ajoute «les partis nés avec des moustaches, fabriqués pour gagner les élections et dont le président nous agresse gratuitement». L'allusion au RND est à peine voilée. «Au lieu de répondre à Tebboune qui a révélé le scandale des 70 milliards de dinars, et dont un des cadres de son parti est l'auteur, il préfère s'attaquer au pauvre Abderrazak Makri qui n'a pourtant aucunement parlé de Bouchouareb», a-t-il lancé, en soupçonnant qu'Ouyahia prépare les présidentielles de 2019. Pour M. Makri, en politique il n'existe que deux grands courants, à savoir les nationalistes dont le MSP fait partie et les laïcs qui sont, selon lui, au service de l'ancienne puissance coloniale. Actualité oblige, le président du MSP a évoqué dans son intervention la session spéciale du BAC dédiée aux retardataires de l'examen et prévue du 13 au 18 juillet. «Cette session reflète la mauvaise gestion du BAC et annule le principe constitutionnel de l'égalité des chances», a-t-il déclaré, expliquant que les conditions de déroulement de l'examen pour les candidats à la session ordinaire (en plein mois de Ramadhan) ne sont pas les mêmes que celles qui prévaudront lors du déroulement de la session spéciale. Selon lui, la programmation de cette session fait partie des «politiques populistes qui visent à satisfaire les gens» mais donne «une mauvaise image du système éducatif». La raison aurait voulu, a-t-il expliqué, que les retardataires refassent uniquement les matières qu'ils n'ont pas passées en raison de leur retard, et non pas tout l'examen d'où ils étaient exclus. Le taux de participation aux législatives est de 10% Le président du MSP a affirmé, en outre, que le taux de participation aux élections législatives du 4 mai dernier n'a pas dépassé les 10%, beaucoup plus inférieur au taux officiel de 35,37%. «Le président de la République le sait et en est convaincu car il a reçu tous les rapports», a-t-il assuré, affirmant que le MSP était le vainqueur privé de sa victoire par la fraude au profit du FLN et du RND. Il a précisé que le MSP avait remporté également les élections législatives de 1997 et celles de 2012 dans le cadre de l'Alliance de l'Algérie verte mais dont il en a été dépossédé. Celles de 1997 ont été gagnées par le RND et celles de 2012 par le FLN.