Sans l'adhésion du monde agricole et rural la création d'une caisse mutuelle ne sera pas possible. C'est le message transmis par Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture, à l'adresse des agriculteurs représentés hier par l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) et la Chambre nationale d'agriculture (CNA), à l'issue des travaux de l'atelier sur le crédit mutuel rural qui s'est tenu à Alger. Certes, le ministre a rassuré les agriculteurs quant à la disponibilité de l'Etat pour accompagner le lancement du crédit mutuel mais la base financière du Crédit mutuel rural (CMR) sera créée par les agriculteurs eux-mêmes. Même le ministère des finances a exprimé son accord pour créer la mutuelle, a-t-il signifié, relevant que la caisse doit être créée dans les meilleurs délais. Les agriculteurs et les éleveurs sont ainsi invités à se constituer en réseaux coopératifs et créer des espaces interprofessionnels. Or les représentants du monde agricole, à savoir l'UNPA et la CNA, ont semblé ne pas adhérer à l'approche. Les agriculteurs ont, il faut le reconnaître, pris l'habitude de bénéficier des aides de l'Etat. Le fait d'adhérer à une caisse mutuelle signifie le versement de cotisations, ce qui n'a jamais existé auparavant. Cela étant, les déclarations du ministre ont conforté les recommandations des experts qui ont travaillé durant deux jours sur les possibilités de transformer la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) en caisse mutuelle. «La contribution du budget de l'Etat s'avère nécessaire», ont indiqué les experts dans leur rapport de restitution de travaux lu par M. Baiz, responsable au ministère de l'Agriculture. Ce transfert doit nécessairement être adossé à un fonds de garantie, ont-ils relevé. Des actions doivent être engagées pour la réactivation du fonds de garantie agricole (FGA) et du fonds de cautionnement des investissements agricoles (FCIA) sous forme de mutuelle, en plus de la création par l'Etat d'un fonds de garantie des opérateurs économiques du monde rural à l'instar du fonds de garantie en faveur de la PME/PMI. De l'avis des experts, le crédit mutuel rural sera lancé à partir du mois d'avril 2010. Quant à Rachid Benaïssa, il a souhaité mettre en œuvre la CMR avant le lancement de la prochaine année agricole pourvu que «toutes les entraves administratives soient levées». En attendant son lancement effectif, les experts conditionnent la réussite de la mutuelle par la mobilisation de l'épargne dans le monde rural et sur la définition de critères pour l'octroi de crédits, qui devra être effectuée sur la seule base d'apports économiques et financiers, assortis de garanties personnelles ou réelles de l'emprunteurs. Ainsi, nuancent les experts, «fini les considérations et les relations personnelles pour l'obtention d'un crédit». Au sujet des recommandations retenues par les experts, deux aspects ont été étudiés. Pour le volet juridique, les participants ont principalement opté pour «la transformation statutaire de la CNMA Banque en institution financière à caractère mutuel avec un capital social de 2,5 milliards DA sur accord de la Banque d'Algérie». Ils justifient leur choix par l'existence d'un ancrage juridique et d'un potentiel humain et matériel important qui peut être mis à profit en faveur du monde rural. Quant à l'hypothèse qui porte sur un retrait complet de l'Etat comme actionnaire à la CNMA pour céder ses actions aux sociétaires qui pourront s'organiser en véritable crédit mutuel rural, elle n'a pu obtenir l'unanimité des experts. Pour l'aspect organisationnel, l'accent a été mis sur l'amélioration de la qualité des ressources humaines et des moyens logistiques pour accompagner le lancement du crédit mutuel. Des besoins de recrutement et de formation sont déjà affichés pour pouvoir asseoir la nouvelle dynamique que veut amorcer la banque. «Il faut établir un vrai diagnostic entre la disponibilité des moyens existants et les besoins induits pour l'exercice des métiers de banque et de crédit.» La formation permettra au personnel de maîtriser la gestion des risques crédit, la comptabilité bancaire, l'audit et l'inspection. Ceci répondra aux besoins de transparence et d'une meilleure gestion des crédits accordés aux agriculteurs.