Un premier cas de résistance à l'antiviral Tamiflu utilisé contre le virus de la grippe porcine a été constaté avant-hier au Danemark alors que la pandémie de A/H1N1 ne cesse de progresser dans le monde, atteignant désormais près de 71 000 personnes dans plus d'une centaine de pays. Le premier patient pour lequel le traitement du laboratoire pharmaceutique suisse Roche, jusqu'à présent recommandé par l'OMS, s'est avéré inefficace, est un Danois. Selon l'Institut danois de sérologie, l'homme avait été en contact étroit avec une personne malade et avait reçu un traitement préventif de Tamiflu. Il avait malgré tout contracté le virus de la grippe porcine et avait dû être soigné avec un autre antiviral, le Zanamivir (Relenza), du laboratoire britannique GlaxoSmithKline. Se voulant rassurant, l'institut a souligné que ce cas de résistance ne changeait pas les recommandations concernant l'utilisation du Tamiflu contre la première pandémie de grippe du XXIe siècle. Le laboratoire Roche a, pour sa part, minimisé l'affaire, estimant que ce cas était «isolé» et correspondait aux statistiques (0,5% d'exemples) de résistance constatés lors des essais cliniques. «Cela ne signifie pas que le virus qui circule actuellement est résistant au Tamiflu», ajoutera David Reddy, porte-parole du laboratoire qui donnera pour preuve que le malade avait été en contact proche avec d'autres personnes atteintes du virus qui, elles, ont pu être soignées au Tamiflu. Ce qui signifie, selon lui, que c'est le patient qui a développé une résistance et non le virus qui a muté de façon à rendre l'antiviral inefficace. Il n'empêche, un des rares points sur lequel les experts s'accordent, c'est que tôt ou tard, le A/H1N1 devrait trouver un moyen de contrer les antiviraux actuels. D'une grande capacité d'adaptation, les virus cherchent par nature à contourner les obstacles qu'on leur présente, expliquait récemment le professeur Antoine Flahaut, directeur des hautes études en santé publique. Le seul scénario actuellement plausible est que le virus devienne résistant au Tamiflu», avait-il déclaré. Cette épée de Damoclès rend d'autant plus cruciale la mise en place d'un vaccin et explique l'empressement de l'OMS à lancer une production mondiale, qui ne devrait toutefois pas venir avant septembre.