La patience des praticiens de santé publique semble avoir atteint ses limites. Le syndicat représentatif vient de convoquer un conseil extraordinaire pour le 12 octobre afin de décider des actions à entreprendre après avoir accordé tout le temps au nouveau ministre, Mokhtar Hasbellaoui. Plus de deux mois après la prise de contact entre le premier responsable du secteur et les partenaires sociaux, les praticiens généralistes accusent Hasbellaoui d'avoir tourné le dos à ses engagements. Le Snpsp qui a réuni le week-end dernier son bureau national a relevé, avec regret, son «exclusion» de la réflexion et des démarches entreprises autour de questions fondamentales qui structurent des programmes nationaux de santé communautaires. Des questions pourtant où l'engagement «éclairé et motivé» des praticiens de la santé publique est plus qu'indispensable, estime le syndicat de Lyès Merabet dans un communiqué final, rendu public hier. Cette situation remet en cause, de fait, l'engagement de Mokhtar Hasbellaoui qui, lors d'une réunion le 17 juillet avec le syndicat, avait promis d'accéder favorablement à la demande du partenaire social d'être représenté et associé au travail des différents comités nationaux. Joint par nos soins, le président du Snpsp explique qu'au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière siègent des comités nationaux chargés de la mise en place des politiques de santé, notamment dans le cadre de la prévention (vaccination, santé scolaire et universitaire, urgences, formation continue et carrière des praticiens spécialistes…). «Nous demandons depuis des années à être membres à travers des praticiens médicaux de santé publique que le SNPSP proposerait», rappelle le Dr Merabet. Hélas, Hasbellaoui continue d'ignorer cette revendication comme tant d'autres. D'ailleurs, le bureau national du Snpsp a exprimé le mécontentement des adhérents devant ce qu'il qualifie d'interruption du dialogue avec la tutelle, dénonçant par la même occasion la non prise en charge de l'ensemble des points de la plate forme de revendications. Abordant la lancinante question de l'insécurité dans les établissements, le Snpsp «refuse que les professionnels (du secteur, Ndlr) soient les boucs émissaires de l'échec du système de santé», décrivant «une situation de terreur absolue» dont sont victimes au quotidien et sur les lieux du travail, selon lui, les praticiens médicaux et tous les autres corps. L'affaire de Djelfa est, à cet effet, «loin d'être un cas isolé, mais l'illustration d'un état des lieux qui conjugue le malheur d'une famille endeuillée (…) et la réalité des conditions de travail très difficiles dans lesquelles sont placés les professionnels de la santé, parfois abandonnés faute de moyens, face aux besoins légitimes et grandissants de la population». Devant ce constat d'insatisfaction sur tous les plans, le Snpsp, qui jusque-là a favorisé la voie du dialogue, ne compte pas accorder plus de temps au professeur Mokhtar Hasbellaoui, ministre de la santé. Un conseil national extraordinaire est convoqué pour le 12 octobre prochain afin, dit-il, «de débattre de la situation générale et permettre l'adoption du plan d'action de l'actuelle rentrée sociale». Il s'agit éventuellement d'actions de protestation, admet le président du Snpsp qui a instruit la base de «tenir obligatoirement des assemblées générales» avant le rendez-vous du CN extraordinaire. L'avertissement est donc lancé en direction de la tutelle qui gagnera à apaiser la tension, au risque de voir déclenché un mouvement de grève aux conséquences fâcheuses. La balle est dans le camp du ministre.