«L'Etat doit procéder en urgence à une régulation du marché du ciment dont l'offre demeure insuffisante et déséquilibrée», a déclaré le président de l'Agea, Mouloud Kheloufi, lors d'une conférence de presse consacrée à la présentation des résolutions issues des premières assises nationales du BTPH, organisées récemment à Annaba. Selon lui, le déficit du marché s'élève à quelque 3 millions de tonnes auquel l'Etat peut faire face en procédant notamment à l'extension des capacités de production de ses cimenteries. La solution réside dans l'augmentation de la part de l'Etat dans la production nationale du ciment, a soutenu M. kheloufi expliquant à cet effet que l'augmentation entraînerait un équilibre du marché et un alignement des prix entre producteurs publics et privés. L'Algérie produit actuellement quelque 20 millions de tonnes de ciment, dont 13 millions de tonnes sont produites par des cimenteries publiques, le reste étant assuré par des entreprises privées, selon les chiffres avancés par M. Kheloufi. L'écart des prix reste important Mais l'écart des prix entre le ciment produit par les entreprises publiques et privées reste important, puisque un sac de ciment de 50 kg se vend à 230 dinars sortie usine publique alors que le prix de ce même sac atteint presque le double (450 dinars) sortie usine privée. Ces prix frôlent actuellement les 650 dinars le sac sur le marché informel en raison de la spéculation sur ce produit, dont la demande augmente à la belle saison, période propice au lancement de nombreux chantiers de construction, explique cet entrepreneur qui prédit une augmentation des besoins à la faveur du prochain programme quinquennal. Concernant l'importation d'un million de tonnes de ciment, M. Kheloufi a estimé que l'importation de cet agrégat doit répondre au déficit pour rétablir l'équilibre du marché et éviter la spéculation mais ne constitue pas, selon lui, «la solution idoine» pour résoudre ce problème. Pour lui, les indices des prix des matériaux de construction, dont le ciment, ne reflètent pas les fluctuations enregistrées sur le marché, appelant dans ce sens à instaurer un système permettant de déterminer l'indice correct des augmentations qui doit assurer le bon déroulement des ouvrages confiés dans les meilleures conditions de prix et de qualité. La révision du code des marchés publics est impérative Concernant le code des marchés publics, M. Kheloufi a préconisé une «révision impérative» de ce texte à travers l'enrichissement des textes d'application pour éradiquer les «hostilités» entre l'administration et les entreprises, tout en plaidant pour une réglementation de la sous-traitance afin que «l'entrepreneur puisse déclarer ses contractants (sous-traitants) et les travaux en régie». Pour permettre aux entreprises «de se défendre vis-à-vis de la corruption et du favoritisme», le président de l'Agea a suggéré la création d'une «commission paritaire de recours des marchés publics» au niveau local et national pour «établir une meilleure équité dans le cadre de l'attribution des marchés et une transparence dans le choix des entreprises». Sur le plan fiscal, il a recommandé un allégement de la gestion de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP), servant à financer les collectivités locales, à travers un prélèvement à la source. Le président de l'Agea a suggéré aussi de réduire la TAP à 1% et les cotisations Cnas et Cacobatph à respectivement 18% et 10%. L'Agea, qui compte quelque 750 entreprises affiliées, compte organiser les deuxièmes assises du BTPH en juin 2010 à Oran, selon son président.