A partir de demain, les pays les plus industrialisés, ceux du G8 en l'occurrence, se réuniront à L'Aquila en Italie pendant deux jours pour revenir essentiellement sur les objectifs du millénaire pour le développement, les changements climatiques et le développement de l'Afrique. uatre sujets dont la finalité est censée établir harmonie et équilibre entre le Nord et le Sud dont les disparités sont aussi nombreuses que criardes au gré des conflits et des marasmes économiques qui plombent le climat du dialogue entre ces deux groupes minés par la crise économique dont les retombées et les causes ne cessent d'être révélées au fur et à mesure que la crise se développe et étend ses tentacules dans la sphère économique. Si bien qu'à quelques encablures de ce rendez-vous mondial, une question s'impose : qu'apportera la réunion du G8 ? Pour Mohamed Bahloul, économiste, analyste et aussi directeur de l'Institut des ressources humaines d'Oran (IDRH), le G8 représente une surface financière et économique importante et il est le centre de la cohérence mondiale. Il est bien sûr de plus en plus partagé avec le G20 dans la mesure où les pays émergents comptent énormément en termes de création de richesse . L'Aquila sur les pas de Londres ou sur l'indépendance économique Il y a trois mois, pour trouver une solution à la crise économique et y remédier, l'on a dopé les finances mondiales avec des injections colossales : à la dernière réunion du G20 à Londres, les participants ont convenu à l'unanimité de débourser un total de 5OOO milliards de dollars pour sauver la planète pour ces deux ans, soit plus de 38 fois plus que ce qu'avait déboursé l'Europe en 1947 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Chiffres énormes que plusieurs acteurs de la scène économique mondiale ont qualifiés de montant de la facture pour sauver les puissances économiques, l'ordre établi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et les institutions de Breton Woods (dont le FMI et la Banque mondiale) avec un risque d'entraîner les cours de l'or (sur lequel repose le FMI) dans la spirale infernale de la déroute financière. Trois mois après le sommet du G20, les cours de l'or sont plutôt à la baisse : à Paris, la cotation du lingot est passée de 21649,00 dollars en avril à 21651,43 dollars en ce début de mois de juillet. Peut-on anticiper et parler d'effet de la crise sur l'or ? Même s'il est difficile pour les économistes de se prononcer sur l'effet de la crise sur la valeur réelle de l'or, l'on connaît a priori son impact sur le marché minier dont l'exemple le plus éloquent est la RDC. Un pays fortement riche en ressources minières (coltant, diamant, or et cobalt ) et éprouvé par l'instabilité sécuritaire (entre 2003 et 2006) qui assiste à un ralentissement de l'économie du pays suite à une raréfaction de contrats miniers induits par la crise. Il faut savoir qu'il n'y a pas que la République démocratique du Congo en Afrique qui connaît la crise, d'autres pays la subissent de plein fouet. Une vague de pauvreté à venir Selon Mme Punam Chuhan-Pole, experte en économie à la Banque mondiale, «les flux des capitaux privés seront négatifs pour 2009». Leur chute est estimée par l'économiste à 700 milliards de dollars. Selon Mme Punam Chuhan-Pole cela va provoquer une vague de pauvreté qui touchera de 55 à 90 millions de personnes et le continent noir n'y échappera pas, notamment en région sub-saharienne. Ce qui laisse supposer aussi l'apparition de conflits et une nouvelle forme de réfugiés. Sur la question, les économistes sont pessimistes. Ils parlent d'émergence du protectionnisme à travers le monde. Cela dit, Mohamed Bahloul reste confiant. Pour lui les choses sont en train d'avancer doucement et sûrement au gré des rencontres qui ont été réalisées car même si rien n'est concluant pour l'instant, pour Bahloul c'est normal car «le système économique mondial – et particulièrement le système financier mondial – est un paquebot qui doit faire de grandes manœuvres pour changer de cap. Cela prendra du temps et ce n'est pas en quelques jours qu'on peut prendre les décisions nécessaires et les mettre en œuvre». Cela dit, note l'expert en économie, dans ce flou économique, un fait important a été établi, à savoir le retour de la confiance des agents économiques, surtout dans les pays industrialisés boostés par une injection de 1000 milliards de dollars au G20 pour renflouer les caisses et doper le moral. Pour Bahloul, les pays industrialisés, au même titre que les pays émergents, sont ceux qui tirent la croissance et rétablissent la confiance économique c'est-à-dire tarent la balance entre investisseurs et consommateurs. Toujours est-il qu'à propos des retombées de cette crise sur l'Afrique, le secrétaire général de l'ONU a précisé qu'il allait «rappeler» aux dirigeants du G8 leurs engagements pris en 2005 au sommet du G8 de Gleneagles pour venir en aide à l'Afrique. La participation algérienne Pour sa part, le ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines a tenu à préciser hier sur les ondes de la radio nationale Chaîne III que les pays africains, notamment ceux du G5, qui participeront au sommet de L'Aquila veilleront à ce que les engagements du G8 «ne soient pas remis en cause par des politiques de plus en plus protectionnistes des pays du Nord». L'Algérie, qui y sera représentée par Abdelaziz Bouteflika plaidera, selon Messahel, pour la participation de l'Afrique à toutes les négociations portant sur la crise économique et invoquera les problèmes liés aux changements climatiques, d'autant, a noté Messahel, que «l'Afrique n'est pas le continent pollueur mais elle est plutôt victime des pollutions». Pour le ministre chargé des Affaires africaines et maghrébines, «l'Afrique subit les conséquences de cette pollution». A ce propos, le SG de l'ONU a déclaré qu'il allait demander aux pays les plus industrialisés qui prendront part au sommet de L'Aquila de tenir leurs engagements sur les réductions des gaz à effet de serre non respectés par la totalité de ces pays comme les Etats-Unis ou la Chine en tant que pays émergent. «Le temps des belles paroles et des demi-mesures est terminé», a précisé Ban pour qui le changement climatique allait imposer des défis bien plus difficiles que l'actuelle crise économique. Reste qu'entre les déclarations et la réalité manque parfois l'exécution de ces mêmes déclarations, ce qui nous amène à la question suivante : les résolutions prises au sommet de L'Aquila seront-elles respectées ? Seul l'avenir nous le dira.