Longtemps, les Algériens ont été confrontés à l'épineux problème du transport. Les interminables queues qui se formaient aux heures de pointe au niveau des arrêts de bus et de taxis des grandes artères renvoyaient l'image d'une ville complètement asphyxiée. L'avènement du privé dans les années 1990 ne pouvait qu'être bien accueilli par les milliers de citoyens qui n'avaient comme seul moyen pour se déplacer que le bus ou accessoirement le taxi. Une embellie qui ne dura pas longtemps car si en nombre les bus injectés ont permis de résorber un tant soit peu la crise du transport, dans le domaine de la qualité des prestations, c'est l'anarchie qui va caractériser le secteur. Malgré cet apport, Alger continuera à être une des rares villes où le transport fonctionne comme une administration. Même lorsque la ville vit un évènement important pour la sortir de sa torpeur, les transporteurs privés sont les derniers à jouer le jeu. Il faut dire que la trempe des nouveaux chauffeurs qui ont occupé le terrain provient essentiellement du cadre de l'emploi des jeunes, d'où leur méconnaissance du métier et des lois qui le régissent. Parce qu'ils travaillent à leur compte, ces transporteurs activeront comme bon leur semble, négligeant le côté service public de leur activité. Une ignorance qui se concrétise sur le terrain par un manque de respect multiforme du voyageur, encouragé par l'absence de contrôle des services concernés. Après les prix du ticket que les transporteurs ont augmenté à leur guise, ce qui les caractérise essentiellement est le manque de respect des horaires. Les clients assis ou debout dans le bus ne sauront jamais rien de l'heure de départ ou d'arrivée au lieu de destination. Fonctionnant comme des navettes, le temps à l'arrêt peut durer tant qu'aucun citoyen ne pointe à l'horizon et que le bus n'est pas bondé, et ce, au mépris des clients. Le temps qui n'a aucune valeur va en acquérir pourtant en fin de journée lorsque le chauffeur décide de fermer boutique précocement, laissant sur le quai des citoyens désemparés, même en cette période estivale. Le mal du secteur du transport urbain vient du fait que trop d'opérateurs gravitent autour, et ce, sans aucune organisation. 40 000 opérateurs, dont 2900 pour la wilaya d'Alger, avec 40 ou 50 transporteurs pour l'exploitation d'une ligne, et ce, sur fond de non-respect de la réglementation et des prestations offertes. Faire le ménage dans cette boutique urge et elle réside dans le regroupement des transporteurs en entreprises de transport, avec un cahier des charges qui délimite les prérogatives de chacun. Une organisation à l'image de l'Etusa, qui somme toute reste exemplaire en matière de respect des horaires et de présence tant diurne que nocturne sur le terrain, même si ses moyens matériels ne lui permettent pas de diversifier ses destinations.