Une psychologue intervenant dans le cadre du réseau Nada, et qui a eu à traiter le cas d'enfants prostitués, lie la réussite de leur prise en charge psychologique à l'implication effective de la famille.Elle préconise, avant de parler à l'enfant, de recevoir les parents, discuter avec eux dans le but de tracer les contours de l'environnement dans lequel évolue leur enfant, dont la famille doit suivre pas à pas l'avancement de sa situation émotionnelle et celle de la thérapie. Elle doit être là, présente pour les soutenir. Pour cette psychologue, dans la plus grande majorité des cas, l'enfant qui va vers l'activité prostitutionnelle a subi une agression sexuelle antérieure, soit par l'intermédiaire d'un des membres de sa famille, soit par un proche, un voisin ou un étranger. D'un autre côté, la famille a aussi sa part de responsabilité quand elle n'est pas à l'écoute de son enfant et ne communique pas avec lui. «Tout ce qui touche aux questions du sexe est tabou dans nos familles», martèle la psychologue. Laisser l'enfant dans l'ignorance le rapproche des pièges tendus par les pervers, les agresseurs sexuels et les incitateurs à la débauche. La prise en charge d'un enfant prostitué commence d'abord par l'arrêt de cette activité dégradante pour tout son être. Lorsqu'il arrive chez le psychologue, la victime ne verbalise jamais la première fois. Elle ne parlera qu'une fois qu'un climat de confiance s'installe entre eux deux. Le psychologue deviendra le confident, celui qui ne juge pas, celui qui a promis «de ne rien dire aux autres». L'écoute est la base de la thérapie, le psychologue n'interviendra que dans les moments les plus opportuns pour questionner l'enfant sur ses sensations, alors qu'il s'adonnait à la prostitution, ses réactions après l'acte et surtout le prévenir des dangers qu'il encourt (maladies, violence des clients, drogue…). A côté de la parole, extérioriser cette douleur intervient à travers le dessin libre. L'enfant a honte, se sent sale. Il se détache de sa personne et dissocie cette personne qui subit des relations répétitives non désirées de son autre vie. Ce détachement lui permet d'oublier ce qui le détruit et aussi de ne plus rien ressentir sur le plan physique. C'est pour cela, nous fait savoir la psychologue, qu'ils sont capables de supporter la douleur plus que la moyenne des autres personnes. La thérapie peut durer des années, et dès que la confiance est installée, c'est le patient qui demande à revenir plus souvent aux consultations.