Le passage au week-end semi-universel a été accueilli avec satisfaction par les opérateurs économiques. Particulièrement ceux concernés par les opérations de commerce extérieur qui estiment pouvoir, à la faveur du week-end vendredi-samedi, gagner du temps en termes de négociations, de réalisation de leurs transactions. «Ils gagneront une journée pour pouvoir traiter leurs affaires avec la communauté internationale», estiment des opérateurs économiques. «Les dossiers des transactions commerciales avec les pays étrangers seront traités dans des délais plus réduits», pense-t-on. Tant attendu par les entreprises nationales, pénalisées par le week-end du jeudi-vendredi, celui de vendredi-samedi permettrait de se mettre au diapason du monde extérieur. Le Forum des chefs d'entreprise avait, en 2006, plaidé pour le passage au week-end universel. Mais sa demande n'a eu d'écho que ce mardi. Le FCE justifiait sa plaidoirie par l'exigence de l'environnement économique mondial de travailler au rythme des partenaires étrangers et les pertes subies par l'économie algérienne depuis la suppression du week-end universel en 1976. La décision prise en Conseil des ministres portant organisation, à partir du 14 août, du repos hebdomadaire les vendredi et samedi a été saluée par les confédérations patronales. Ainsi, la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), qui s'est félicitée de cette décision, la qualifie de «bonne initiative pour l'économie algérienne, appelée à évoluer dans un environnement ouvert et fortement concurrentiel». Le président de la Cipa, M'henni Abdelaziz, a rappelé, dans ce contexte, que les chefs d'entreprise ont plaidé, depuis plusieurs années déjà, pour le retour au week-end universel à l'occasion de la bipartite (gouvernement-patronat). Ceci devait mettre un terme aux dommages subis par l'économie algérienne depuis plus de trois décennies des suites de l'abandon du week-end universel (samedi-dimanche). «Nous sommes heureux de cet arrangement», a-t-il ajouté. Les entreprises portuaires sont également favorables quant à ce changement. Le directeur du port d'Alger, Abdelhak Bourouai, a estimé que cette modification permettra à son entreprise d'«être en adéquation avec les institutions financières du pays, notamment les banques qui ont déjà organisé le repos hebdomadaire de leurs personnels pendant les journées de vendredi et samedi». Pour ce gestionnaire, «c'est en quelque sorte une journée de plus de gagnée». Ce même avis a été exprimé par un responsable de l'entreprise portuaire de Skikda, selon lequel ce sont les opérateurs économiques qui seront les bénéficiaires. Le port de Skikda travaille conformément aux demandes des opérateurs économiques. Ce qui signifie que le changement opéré n'a pas d'impact direct sur l'entreprise portuaire. Mettre un terme aux dysfonctionnements Le président du FCE, Réda Hamiani, s'est dit «satisfait» de la décision prise par le gouvernement, soutenant que le repos hebdomadaire appliqué actuellement est à l'origine de nombreux dysfonctionnements constatés dans les échanges économiques et commerciaux de l'Algérie avec l'étranger. Selon Hamiani, la majorité des échanges commerciaux de l'Algérie sont effectués avec les pays de l'Union européenne (70%), les Etats-Unis et le Japon qui appliquent le week-end universel. Pour l'économiste Mohamed Bahloul, le week-end du jeudi-vendredi posait un problème en termes de coûts de transactions. «Beaucoup d'activités économiques liées à l'international accusaient un décalage important», a-t-il remarqué, relevant que ceci engendrait des surcoûts en termes d'informations relatives aux échanges et d'accès aux bienfaits du commerce extérieur. «L'idéal est de passer au week-end universel (samedi-dimanche), mais ceci nécessitera un travail de sensibilisation des franges de la société pour l'endosser». «C'est une bonne décision», a-t-il conclu. Il s'agit d'une mesure d'harmonie sociale, a noté Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef) qui explique que l'Algérie avait en fait deux week-ends, dont le premier pour l'ensemble de la société (jeudi-vendredi) et le second pour les secteurs bancaires et assurances (samedi-dimanche). Le plus important impact sera ressenti sur le plan des relations entre le public, les institutions et le monde extérieur. Une synergie sera instaurée entre le secteur bancaire et les autres secteurs puisqu'on passera à un même week-end pour tout le monde. A propos de l'impact du passage au semi week-end universel, la Banque mondiale a estimé que ceci permettrait une croissance de 1,2% du PIB. Quant aux pertes occasionnées par l'ancien week-end, les opérateurs économiques affirment ignorer l'impact sur le marché national. Seul le Forum des chefs d'entreprise (FCE) avait estimé à plus de 750 millions de dollars les pertes annuelles que supporte l'économie nationale en raison de la non-application du week-end universel. Une étude de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, avait avancé un coût variant entre 500 et 700 millions de dollars par an à cause du décalage entre le congé hebdomadaire local et le week-end universel, en vigueur dans les pays occidentaux. Pour les services gouvernementaux algériens, les pertes sont de l'ordre de 150 millions de dollars par an. Le changement du week-end s'est imposé, estiment les opérateurs, qui citent les cas de la plupart des pays arabes qui se sont alignés sur le week-end universel. L'Algérie est l'un des derniers pays du monde arabe à opérer ce changement, revendiqué depuis longtemps par le FCE, a rappelé Réda Hamiani.