Le conflit qui oppose depuis plus de deux mois les travailleurs du groupe ERCE de Constantine à leur direction risque de provoquer une crise qui pourrait secouer ce groupe qui assure 45% de la production nationale. Le problème remonte au 29 juin, lors de la tenue de la troisième séance de négociations relatives à la convention collective de l'ERCE, quand le porte-parole de la direction a informé les représentants des travailleurs que la direction a décidé d'arrêter les négociations. «L'employeur s'est retiré de la séance, sur instruction verbale de la hiérarchie au niveau d'Alger, sachant que les négociations se faisaient à Constantine», expliquera le président de la coordination syndicale des cimenteries de l'est du pays. Les 4040 travailleurs que compte le groupe exigent la relance des négociations le plus tôt possible pour préserver la paix sociale. «Se retirer des négociations sans avancer des arguments est une forme de provocation. Malgré cette décision, nous œuvrons pour éviter de sortir la carte de la grève qui aggravera sans aucun doute la situation et portera préjudice à notre gigantesque groupe», ajoutera notre interlocuteur. Ainsi, la balle est dans le camp de la direction du groupe, puisque les représentants des travailleurs vont patienter jusqu'à octobre avant de recourir au débrayage, selon les propos du président de la coordination. «Que chacun prenne ses responsabilités, il faut reprendre les négociations. Si notre revendication n'est pas prise en considération, la grève sera ainsi notre dernier recours», dira-t-il. En effet, les représentants des 8 coordinations syndicales affiliées à l'UGTA ont saisi l'inspection du travail de Constantine et celle d'Alger et demandent leur intervention rapide pour désamorcer le conflit. Il est à noter que les syndicalistes en question ont déposé au niveau de l'inspection du travail de Constantine et celle d'Alger les dossiers de dénonciation de la convention collective du groupe ERCE et la plateforme de revendications. «Nous avons suivi toutes les démarches légales et les procédures de dénonciation de la convention collective pour l'ouverture de négociations relatives aux revendications des travailleurs, mais grande fut notre déception lorsque la direction a décidé de suspendre les négociations sans raison.» Notons que le groupe ERCE de Constantine est composé de cinq cimenteries, à savoir celles de Constantine, de Skikda, de Batna, de Tébessa et de Sétif, en plus d'une unité de maintenance et d'une autre d'agrégats et de sable. Le groupe enregistre chaque année un chiffre d'affaires encourageant, à titre d'exemple celui de la cimenterie de Batna a atteint 500 milliards de centimes en 2008.